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Du 26 février au 4 mars - Court-métrage

Un court avant le long

Sven nicht, jetz, wann, dann… ?, Father to son et Sommeil de plomb, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 26 février au 4 mars 2025.

  • Sven nicht, jetz,wann, dann…?, de Jens Rosemann, devant les projections de A real pain et Mercato

C’est une belle journée d’été à la piscine extérieure. Sven a prévu cela depuis longtemps : Il va sauter de la tour de plongée. Aujourd’hui, il va le faire ! C’est le moment idéal ! Mais… ? Peut-être que demain serait mieux… ? Ou peut-être la semaine prochaine… ? Tiraillé entre un oui, un non ou un peut-être, Sven grimpe dans la tour. 

Sven nicht jetzt, wann dann croque l’angoisse de Sven, un petit personnage sans âge qui hésite longuement à sauter de la tour de plongée à la piscine. Va-t-il réussir à surmonter ses peurs et accepter de grimper tout là-haut pour le grand saut dans l’inconnu ? Rester dans le petit bain de l’indécision se révèle tellement plus confortable… À partir de quelques traits épurés, le réalisateur allemand Jens Rosemann interroge nos moments de doute et pour notre plus grand plaisir, se fait le peintre burlesque des situations les plus quotidiennes.

Production Kumpels & Friends Animation


Un jeune garçon rend visite à son père dont il s’est éloigné. Ensemble, ils entreprennent un voyage au bout de la nuit..

Ambiance taiseuse garantie avec cette chronique néerlandaise. La solitude et le silence envahissent progressivement l’écran de ces sept minutes d’un duo pas comme les autres. Singulier et banal à la fois. Un père, un fils. Et une incommunicabilité extrême par le langage. Les regards, les gestes et la proximité fonctionnent alors à maximum pour signifier ce que les mots ne font pas.

Father to Son résonne avec l’histoire du cinéma voisin qui filme des pères et leurs fistons, du Ordet danois de Carl Theodor Dreyer à La promesse belge des frères Dardenne. La mise en scène de Thomas Stokmans est elle aussi intense par la manière dont elle embrasse le décor et enserre les visages et les corps. Les regards sont chargés de la difficulté à partager, mais aussi de l’attachement viscéral.

Le lien se fait par le jazz et par l’instrument de musique, que le paternel pratique et que l’enfant écoute. Le concert, le trajet pour y aller, sont autant de moments de partage, qui permettent au duo de se rapprocher. Le plan ultime marque, soudain empreint de tendresse, enfin, après la sécheresse du rapport continu, et l’amertume des tentatives de rapprochement, comme le café échangé, qui fut trop fort…

Production Stokmans Productions Scénario Thomas Stokmans Musique Kees Van der Vooren Interprétation Kees Van der Vooren, Felix Hoogendoorn

 


  • Sommeil de plomb, de Edgar Merland, devant les projections de Les damnés

L’esprit d’un soldat tente d’échapper au champ de bataille pour se refugier dans une foret calme, mais la réalité de la guerre le ramène avec violence sur le front. Le soldat évolue ensuite entre ces deux mondes jusqu’à l’abandon.

La Première Guerre mondiale, la “Grande guerre”, celle des tranchées et des gueules cassées du segment temporel 1914-1918, continue d’inspirer nombre de fictions. La preuve avec ce court métrage d’animation intense. Trois minutes et trente secondes d’immersion dans le parcours muet d’un soldat inconnu. Une traversée de l’effroi, de l’horreur, du chaos.

Le dessin en noir et blanc, créé par ordinateur, dans le format classique en deux dimensions, reconstitue l’univers du champ de bataille. C’est la désolation et la course à travers les tirs, vers l’inconnu. L’état sauvage ambiant est renforcé par le travail savant sur la bande sonore. La déréalisation et la perte de repères priment, jusqu’à la bulle finale, entre canopée, vue sur le ciel et moment suspendu.

C’est là que le réalisateur Edgar Merland choisit de faire se rejoindre son film et le poème phare d’Arthur Rimbaud. Son soldat est tombé. Filmé en plongée, il gît tel le Dormeur du val. “Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.” Le calme après la tempête, la mort après la survie, le repos éternel après la boucherie. Et le titre du film, dont le double sens résonne fort : Sommeil de plomb.

Production Ecole Emile Cohl Scénario Edgar Merland Musique Etienne Jamond

L’Extra Court