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Publié le 17/04/2024 - Court-métrage

Du 17 au 23 avril

La veste rose et Greenfields, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 17 au 23 avril 2024.

Dans les années 60 au Portugal, une Veste Rose quitte la penderie et transforme l’atelier de couture en salle de torture… Un film en stop motion qui évoque de manière métaphorique la trajectoire de Rosa Casaco, un officier de la police politique portugaise.

Singulière proposition que ce film d’animation en pixilation. Une fantaisie chantée et musicale pour mieux raconter l’horreur d’une dictature. Des mélodies allègres et des couleurs sucrées, pour mieux glisser vers l’horreur sublimée de la torture. C’est le portrait d’un homme surnommé Casaco Rosa, littéralement “veste rose”, véritable orchestrateur de torture sous le régime dictatorial portugais.

Après Amélia & Duarte et Au cœur des ombres, la réalisatrice Monica Santos creuse son sillon dans cette technique de “pixi”, procédé de filmage et de décomposition/recomposition image par image. L’effet saccadé autorise toutes les fantasmagories. Même au service d’un sujet sombre comme celui de La veste rose. Le contraste crée un fossé ici signifiant pour raconter le passé du pays.

L’action explorée à travers une maison de papier en volume d’un livre, dans laquelle la caméra pénètre puis ressort à la fin, se passe en 1974, dernière année du régime de Salazar, avant la Révolution des œillets du 25 avril. La veste rose fait œuvre de mémoire à travers le pouvoir enchanteur et instructif du cinéma. Un véritable petit théâtre, pour mieux témoigner de son pays et de son histoire.

Scénario Monica Santos Production Vivement lundi !, Animais AVPL, Um Segundo Filmes


Dans une cité dirigée par l’industrie et le totalitarisme militaire, un père et son fils apprennent l’existence d’un monde meilleur. Ils décident de braver les dangers pour fuir vers cette promesse de liberté.

C’est dans le cadre de leurs études à la renommée école Supinfocom de Valenciennes que les talents en herbe Luis Betancourt, Joseph Coury, Michel Durin, Charly Nzekwu et Benjamin Vedrenne ont réalisé ce court métrage d’animation. Produit en 2013, le film du quintette a fait le tour du monde des festivals en 2014. Il brille encore aujourd’hui par son brio formel et par sa puissance évocatrice.

Belle idée de démarrer l’aventure par des images sidérurgiques mystérieuses, en prises de vues réelles et en gros grain, pour glisser avec le générique initial vers l’animation en 3D. Le travail sur la reconstitution d’une cité dictatoriale isolée en pleine nature, derrière des remparts implacables, est impressionnant de richesse esthétique. On reste fasciné par la précision architecturale sur l’urbanité des états totalitaristes.

Comme dans nombre d’épopées animées, des protagonistes veulent échapper à un destin programmé et à un manque de liberté, et c’est par les airs qu’a lieu l’envolée. Mais le miroir aux alouettes de l’“ailleurs l’herbe est plus verte” va se révéler tragique. La fiction piège fait des étincelles au cinéma. Les résonnances avec l’actualité et la cruauté du réel n’en sont que plus fortes.

Scénario Luis Betancourt, Joseph Coury, Charly Nzekwu Production Supinfocom Valenciennes

L’Extra Court