Go Fishboy et Le batteur du Boléro, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 27 novembre au 3 décembre 2024.
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Go Fishboy, de Denise Cirone, Sebastian Doringer et Chiayu Liu, devant les projections de My Sunshine, Egoist, Jusqu’à l’aube (3 films des « Saisons Hanabi »)
Un chef respecté, issu d’une lignée de fabricants de sushis, tente de créer un lien avec son fils en partageant les connaissances du métier familial. Des tensions apparaissent lorsqu’il commence à remarquer un comportement étrange chez le jeune garçon.
Denise Cirone, Sebastian Doringer, Andrey Kolesov, Chiayu Liu, Zhen Tian et Lan Zhou forment le sextette de jeunes talents aux manettes de cette création animée. Encore une perle née de l’École de l’image des Gobelins à Paris. La minutie du dessin mêle les techniques modernes alliant le travail en deux et en trois dimensions. Le résultat se savoure tout comme les grandes œuvres du cinéma nippon.
L’histoire se déroule en effet au Japon, dépeignant avec finesse l’attachement puissant d’un petit garçon aux poissons. Compliqué d’être le fils d’un chef spécialisé en sushis, quand on aime les créatures aquatiques uniquement en vie et dans leur élément premier ! De la découverte à la résistance, de l’affrontement à la fuite, Go Fishboy c’est aussi l’expression d’une affirmation.
Les cinéastes ont effectué un méticuleux travail sur l’eau. Aquarium, baignoire, pluie, flaques, larmes, océan : la fluidité de l’élément inonde le film. Elle accompagne aussi l’omniprésence des poissons, vivants, morts, réels ou décoratifs. Dans cette histoire sur l’incommunicabilité entre un père et son fiston, l’attachement est pourtant dense. Les deux personnages avancent côte à côte, jusqu’à la séparation déchirante.
Scénario Denise Cirone, Sebastian Doringer, Chiayu Liu Musique Jürgen Branz Interprétation Yu-Jan Hsiung, Yugo Yamada, Yume Nanbu, Yumi Narita, Kazuki Teramoto Production Gobelins, l’école de l’image
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Le batteur du Boléro, de Patrice Leconte, devant les projections de En fanfare et Kafka, le dernier été
A quoi peut bien penser le batteur du boléro de Ravel pendant toute la durée du morceau ? Avec une application infinie, cet homme va frapper ces mêmes coups sans cesse répétés sur la caisse claire qui se trouve devant lui. Seul le batteur nous intéresse, obstinément pendant la durée du Boléro, jusqu’à l’accord final et aux saluts face au public.
La première rencontre du cinéaste Patrice Leconte et de l’acteur Jacques Villeret avait eu lieu pour le long métrage Circulez y’a rien à voir (1983), avec aussi Michel Blanc et Jane Birkin. Tous deux se sont retrouvés avec ce Boléro… tourné en un plan-séquence qui débute face à l’orchestre, avec le chef de dos, avant d’effectuer un travelling latéral jusqu’au batteur, situé au fond sur le côté de l’ensemble musical.
L’acteur est ainsi entouré des véritables instrumentistes de l’Orchestre symphonique de Paris, mené par Laurent Petitgirard, qui exécute 7 minutes 30 du Boléro de Maurice Ravel, cette création mythique du compositeur français, musique de ballet pour orchestre créée en 1928.
La mélodie, ultra-connue, repose sur l’uniformité et la répétition, le long d’un lent crescendo, avec des effets variants, jusqu’à un final explosif. Et la gestion de la durée permet à Jacques Villeret de passer d’un masque expressif initial à une série de mimiques et de modulations de parties du visage (regard, sourcils, bouche), au fur et à mesure que le morceau avance. Et la monotonie envahit le corps même de l’interprète, figé et fixé à son siège, répétant inlassablement les mêmes gestes.
Scénario Patrice Leconte Musique Maurice Ravel Interprétation Jacques Villeret Production PAC