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Publié le 22/03/2023 - Court-métrage

Du 22 au 28 mars

La marche de Paris à Brest et La distance entre le ciel et nous, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 22 au 28 mars 2023.

En 1927, le cinéaste Oskar Fischinger parcourut pendant trois semaines les routes secondaires entre Munich et Berlin, filmant image par image les gens qu’il rencontrait sur le chemin et les lieux qu’il traversait. En 2020, j’ai reproduit ce geste au cours d’une marche d’un mois entre Paris et Brest.

Vincent Le Port a filmé ce court métrage épatant entre les deux confinements de 2020, après avoir réalisé son premier long métrage Bruno Reidal, confession d’un meurtrier découvert à la 60e Semaine de la critique en 2021 (et distribué en salles à partir du 23 mars 2022). C’est donc au début de l’automne, entre le 7 octobre et le 5 novembre 2020 précisément, qu’il a parcouru avec une caméra une partie de la France du nord-ouest, de la capitale à la pointe bretonne.

C’est un projet unique, singulier et réjouissant. Le cinéaste, toujours à l’œuvre sur des envies décalées, a décidé en effet de rendre hommage à un pionnier, en faisant lui aussi un chemin filmé entre deux villes de son pays, comme le réalisateur allemand Oskar Fischinger le fit à pied en 1927. Le court en question, d’une durée de trois minutes, s’intitulait München-Berlin Wanderung, littéralement “Randonnée Munich-Berlin”, et fait partie de l’abondante filmographie de cet auteur germanique largement méconnu.

Le résultat n’a donc rien à voir avec le Paris-Brest, cette fameuse pâtisserie française, mais s’avère être un passionnant enchaînement d’instantanés en plans fixes, en mode muet et noir et blanc. Visages, villages, routes, chemins, nature, végétaux, animaux, ciel, terre, eau, feu, clochers, immeubles, éoliennes, rails, ponts défilent, jusqu’à l’océan final. Un pan de notre monde évoqué en six minutes, au son d’une musique ritournelle discrète et obsédante signée Mind Over Mirrors : Restore & Slip.

Production Stank


Deux inconnus se rencontrent pour la première fois, la nuit, dans une station-service perdue. Alors que le premier fait le plein, il manque quelques euros au second pour rentrer chez lui. Les deux hommes vont marchander le prix de ce qui les sépare d’une histoire.

Attention, voici la Palme d’or – et Queer Palm – du court métrage du Festival de Cannes 2019 ! Le réalisateur grec Vasilis Kekatos excelle à filmer l’inéluctable dans des récits simples et brillants. Ici, la rencontre hasardeuse de deux hommes dans une station-service de la province hellénique. De l’échange intéressé pour pouvoir monnayer un retour sur Athènes, la conversation dérive vers la drague.

Bonne idée de partir du lien virtuel omniprésent dans le monde (le contact en “visio” coquine avec un possible partenaire), pour finalement creuser le réel d’un face-à-face entre des corps qui se rapprochent de plus en plus, tout comme la caméra vire au très gros plan, pour finir dans l’enlacement singulier du duo sur une moto filant sur la route.

Les objets et accessoires racontent autant que les gestes et dialogues. Téléphone portable, origamis, cigarettes, briquet, piercings, boucles d’oreille, bonnet, blouson, moto peuplent le film, véritable huis clos nocturne en plein air. Premier contact sans lendemain ou prémisse d’une rencontre durable ? L’aventure reste ouverte et accompagne avec une tension malicieuse ses protagonistes joueurs.

Scénario Vasilis Kekatos Musique Kevin Orr Interprétation Nikolakis Zeginoglou, Ioko Ioannis Kotidis Production Blackbird Production, Tripode Productions

L’Extra Court