We Are Winning Don’t Forget et Un homme qui m’aime, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 10 au 16 juillet 2024.
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We Are Winning Don’t Forget, de Jean-Gabriel Périot, devant les projections de Les gens d’à côté et El profesor
Le travail est un droit, sa représentation une valeur ; l’absence de droits déclenche des exclamations, des confrontations, des frictions. La lutte des classes est toujours bien présente, plus que jamais, et elle s’organise…
We Are Winning Don’t forget est un film en quatre chapitres et mille deux cents photos. Une succession de portraits de travailleurs défile, ces portraits sont individuels puis collectifs, la musique douce illustre l’album d’une grande famille internationale. Une nouvelle série de portraits apparaît, poignées de mains et médailles… Une guitare électrique durcit le ton. Image noire. Nouvelle série de photos, grèves et manifestations pacifistes. La musique devient plus rapide, les défilés s’organisent, sourires et poings en l’air. La quatrième et dernière série de photos saisit la confrontation, l’affrontement. La police est féroce, les sourires se transforment en larmes.
Les dernières images sont celles d’un autre film : Carlo Guiliani Ragazzo de Francesca Comencini, l’histoire de ce jeune manifestant assassiné par la police italienne le 20 juillet 2001 lors de la manifestation anti-mondialiste de Gênes. We Are Winning Don’t forget est un film éclair et engagé, on peut lui reprocher le trop plein de sa démonstration, mais on en sort exalté. Les résistances s’organisent et elles sont multiples.
Scénario Jean-Gabriel Périot Production Envie de tempête productions
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Un homme qui m’aime, de Frédérique Barraja, devant les projections de Only The River Flows et Les pistolets en plastique
« Qui n’a pas rêvé de tuer son conjoint une fois dans sa vie ? Alors au bout de 20 ans, va-t- elle réaliser son rêve ? Sous ses airs de comédie parodique, ce film soulève le problème de la violence psychologique. Jusqu’à quel point peut-on supporter cette violence anodine, quotidienne qui rabaisse, humilie, culpabilise ? La victime change alors de personnalité, de la tristesse jusqu’à devenir folle. Ce film est un remède cathartique ! A ne pas reproduire chez soi ! »
Attention, film corrosif ! Frédérique Barraja a le regard percutant. Pas étonnant de la part de celle qui s’est aussi faite connaître comme photographe de plateau chez Claude Miller, Manuel Poirier ou Brigitte Roüan. L’humour noir du scénario d’Un homme qui m’aime est dynamité par le sens du cadrage et la mise en scène au cordeau. D’entrée, le film happe par sa plongée sur un rôti découpé au couteau électrique.
Le mélange des genres transcende ce témoignage fictionnel sur la violence ordinaire. La violence conjugale des mots. La comédie noire – voir l’ironie du titre ! – se glisse en effet dans la chronique de couple, le suspense graduel et les pointes d’horreur. La tension monte du début à la fin de ces trois minutes sur l’humiliation en série. Tel un tueur effréné, le mari assène les piques à sa femme.
Dans la peau des deux protagonistes, leurs interprètes épatent. Sabine Garrigues joue avec flegme la droiture pour garder la face, et celle qui enchaîne les coups bas reçus et les couleuvres à avaler. Face à elle, Tom Novembre assume l’ignominie faite homme, et la cruauté goguenarde du pervers narcissique qui se délecte à manipuler. Leur face-à-face glisse avec précision vers le gore stylisé.
Musique Eitenne Gautier Interprétation Sabine Garrigues, Tom Novembre Production Be Light Films