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17/01/2024 - Court-métrage

Du 17 au 23 janvier

Coincés et Les fantômes de l’usine, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 17 au 23 janvier 2024.

 Un bus se fait arrêter par le douanier mécontent du pot-de-vin qu’il a reçu. Les passagers vont s’unir pour continuer leur voyage.

Les “coincés”, ce sont les passagers détonants de cette réjouissante fable d’animation. Toute une bande de joyeux et joyeuses drilles occupe les sièges du car qui traverse les routes et collines sinueuses de Serbie : une équipe de sportifs, leur entraîneur, un petit vieux fumeur, une femme robuste qui se goinfre de biscuits, ses deux accompagnantes, sans oublier le chauffeur… et leur tonne de bagages respectifs perchés sur le toit !

Derrière l’humour dévastateur des descriptions et des situations, le film décrit avec ironie la pratique des pots-de-vin envers gardes, policiers et autres douaniers pour passer son chemin et circuler librement, dans les états du monde aux règles sociétales aléatoires. La réalisatrice Maša Avramović, originaire de Belgrade, adresse, avec cette courte histoire de quatre minutes, une déclaration d’amour amusée à son pays.

Le dessin enfantin est simple, sinon rudimentaire, mais les traits séduisent par l’harmonie et la générosité des lignes. Les rondeurs des paysages comme des corps se mêlent aux silhouettes élancées des athlètes et les couleurs restent discrètes. La réussite esthétique fait honneur à la fameuse école du film d’animation de La Poudrière, dans la Drôme, et célèbre la solidarité humaine face à l’adversité.

Scénario Maša Avramović Production La Poudrière


“Tu balaies, tu jettes les poubelles, t’essuies les tables et lentement ton esprit flotte.” À quoi pense le jeune balayeur ? à quoi rêve-t-il ?

Belle et émouvante immersion que cette proposition expérimentale signée Brahim Fritah en 2014. L’auteur aime mêler image fixe et image en mouvement, réel et poétique, passé et présent. Depuis le bien nommé Chroniques d’un balayeur, documentaire datant de 1999, il met aussi la lumière sur les invisibles de la société, et toujours avec une bienveillance qui n’empêche pas le regard frontal sur son sujet.

L’émotion naît du récit que les voix narratrices évoquent. Reda Kateb et Yanis Bahloul prêtent ainsi leur timbre au narrateur adulte et enfant. C’est l’histoire d’un passé qui ressurgit à travers la visite d’une usine désaffectée, et à travers les fantômes des ouvriers, du balayeur de tous les souvenirs, et de la famille qui veillait sur la propreté des lieux. C’est un monde d’avant la globalisation et l’ubérisation actuelles.

Le tissage des images filmées et des photographies se double d’effets de montage au pouvoir fortement évocateur. La nostalgie gagne l’écran, même pour le public qui n’a pas connu ces décors et personnages précis. Comme dans Adieu Gary de Nassim Amaouche (2009), l’usine n’est plus, les travailleurs ne sont plus, mais la conscience surgit, tout comme le siècle qu’il faudrait pour “nettoyer l’honneur bafoué des ouvriers”.

Scénario Brahim Fritah

L’Extra Court