Retour
14/06/2023 - Court-métrage

Du 14 au 20 juin

Go Fishboy, Le fils du joueur et Sous la glace, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 21 au 27 juin 2023.

  • Go Fishboy, de Denise Cirone, Sebastian Doringer et Chiayu Liu, devant les projections de Love Life

Un chef respecté, issu d’une lignée de fabricants de sushis, tente de créer un lien avec son fils en partageant les connaissances du métier familial. Des tensions apparaissent lorsqu’il commence à remarquer un comportement étrange chez le jeune garçon.

Denise Cirone, Sebastian Doringer, Andrey Kolesov, Chiayu Liu, Zhen Tian et Lan Zhou forment le sextette de jeunes talents aux manettes de cette création animée. Encore une perle née de l’École de l’image des Gobelins à Paris. La minutie du dessin mêle les techniques modernes alliant le travail en deux et en trois dimensions. Le résultat se savoure tout comme les grandes œuvres du cinéma nippon.

L’histoire se déroule en effet au Japon, dépeignant avec finesse l’attachement puissant d’un petit garçon aux poissons. Compliqué d’être le fils d’un chef spécialisé en sushis, quand on aime les créatures aquatiques uniquement en vie et dans leur élément premier ! De la découverte à la résistance, de l’affrontement à la fuite, Go Fishboy c’est aussi l’expression d’une affirmation.

Les cinéastes ont effectué un méticuleux travail sur l’eau. Aquarium, baignoire, pluie, flaques, larmes, océan : la fluidité de l’élément inonde le film. Elle accompagne aussi l’omniprésence des poissons, vivants, morts, réels ou décoratifs. Dans cette histoire sur l’incommunicabilité entre un père et son fiston, l’attachement est pourtant dense. Les deux personnages avancent côte à côte, jusqu’à la séparation déchirante.

Scénario Denise Cirone, Sebastian Doringer, Chiayu Liu Musique Jürgen Branz Interprétation Yu-Jan Hsiung, Yugo Yamada, Yume Nanbu, Yumi Narita, Kazuki Teramoto Production Gobelins, l’école de l’image


De retour à Tripoli, sa ville natale, Karim se souvient. De ce dimanche de septembre 1975, quand son grand-père lui demanda d’aller chercher son joueur de père au café, à l’autre bout de la ville. Il n’avait que six ans. C’était quelques minutes avant le début de la guerre.

Carlos Chahine nourrit toujours son travail de sa propre autobiographie, pour un résultat à la forte puissance fictionnelle. Il apparaît même en personne, à nouveau, dans Le fils du joueur, mais se double d’un avatar de fiction. Son héros en culotte courte ne se prénomme pas Carlos, mais Karim. Et l’histoire se déroule dans la ville libanaise de Tripoli – à ne pas confondre avec la capitale libyenne homonyme…

Alors que son premier long métrage, La nuit du verre d’eau, sortira le 14 juin en salles, et se concentre sur un Liban en pleine mutation, à la fin des années 1950, ce court métrage dépeint l’été 1975 et l’approche de la guerre civile, qui va faire fuir la famille et séparer le fils du père. Il y a dans la démarche une volonté de renouer avec le passé, et de figer ce qui n’est plus dans le temps de la fiction. Les quelques ralentis convoqués n’en résonnent que plus intensément.

L’émotion est vive tant sur le plan narratif, dans cette déclaration d’amour d’un fils à son père, que dans la célébration d’une ville peu racontée au cinéma. Tripoli, cité ouverte sur le désert d’un côté, la mer de l’autre. Acteur et réalisateur, Carlos Chahine, au patronyme évoquant bien sûr aussi le maître du cinéma égyptien Youssef Chahine, célèbre toutes les racines exilées.

Scénario Carlos Chahine Musique Sharif Sehnaoui Interprétation Carlos Chahine, Abou Karam Elie, Toufic Barakat, Séréna Chami, Carole El Hajj Production 13 Production, Autres Rivages


Sur un lac, un héron pêche alors que l’hiver s’installe.

Voici une nouvelle découverte tout droit sortie de l’école des nouvelles images d’Avignon. C’est cette fois un sextette qui est aux commandes, avec Milan Baulard, Ismaïl Berrahma, Flore Dupont, Laurie Estampes, Quentin Nory et Hugo Potin. Les merveilles techniques et artistiques de ces six minutes animées ont notamment mené le groupe au prestigieux Festival d’Annecy en 2020.

Sans paroles, le film se concentre sur les facéties d’un héron en quête de victuailles, au gré des saisons. Sa nourriture se résumant ici au poisson, ses proies se trouvent donc dans l’eau. Chose facile en saison chaude et tempérée, mais ardue en période de gel. L’oiseau affamé en devient obsessionnel, dans sa course au butin alimentaire virevoltant de nage libre sous la surface congelée.

L’humour fait rage dans cette somptueuse recréation de la nature. Le volatile incarne tous les héros drolatiques, rivalisant de malice pour parvenir à leur fin, et bientôt pris au piège de leur lubie. Végétation, ciels, flots, tout est croqué avec soin et précision. Le traitement des couleurs et des teintes est digne de tableaux picturaux, de la chute des feuilles aux profondeurs gelées.

Scénario Milan Baulard, Flore Dupont, Laurie Estampes Production Ecole des Nouvelles Images

L’Extra Court