Lost Ships, le dernier album d’Elina Duni & Rob Fost est en écoute au Cinéma Atlantic du 7 au 27 septembre 2022.
- Deux ans après son album Partir, la chanteuse helvético-albanaise Elina Duni revient avec Lost Ships, écrit avec le guitariste londonien Rob Luft. Un enregistrement en forme de voyage.
Tout bon album n’est-il pas un voyage? En particulier tout album signé Elina Duni. Dès son entrée en chanson avec « Baresha » en 2008, cette fille d’artistes de Tirana arrivée en Suisse début 1990 pour fuir le régime communiste albanais a fait voyager entre chants folkloriques de son pays et tubes français, de Gainsbourg à Ferré, le tout coloré de jazz. Remarquable interprète, elle est aussi une autrice et compositrice douée, comme en a témoigné l’album « Partir » il y a deux ans.
Rejointe par le guitariste londonien Rob Luft pour « Lost Ships », qui doit son nom à l’une de ses chansons évoquant la migration, l’artiste livre cette fois un album entre chansons d’amour et d’exil. En douze titres en français, albanais et anglais, Elina Duni et Rob Luft proposent des compositions personnelles et quelques reprises.
« Cet album correspond à toutes nos envies et à tout ce qui nous touche. C’est un album très éclectique. Il est un peu comme un puzzle qui définit les différents moments de notre vie.”
L’exil, en général, inspire beaucoup l’artiste, ce qui donne à sa voix, d’une maîtrise inouïe, ses étirements poignants comme des ponts qu’elle dresserait entre toutes les rives quittées. Sa reprise de « Hier encore » d’Aznavour confirme sa nostalgie. « Aznavour a écrit parfois des chansons-bilans magnifiques comme ‘La Bohème’ ou ‘Hier encore’, qui pour moi est une des plus belles chansons jamais écrites dans la langue française et qui dit des choses qui sont très universelles et qui nous touchent tous, explique la chanteuse. Je le trouve très juste dans son fatalisme, très touchant ».
“Le titre « Lost Ships » est dédié aux migrants qui ont perdu leur vie en Méditerranée.”
Il est aussi beaucoup question d’amour dans ce « Lost Ships » qui s’ouvre d’ailleurs sur une sérénade italienne: « Bella Ci dormi », chantée traditionnellement au balcon de l’aimée pour la séduire. D’amour-passion aussi, avec sa reprise de « I Am a Fool to Want You », que Frank Sinatra avait écrite pour Ava Gardner et dont sa reprise par Billie Holiday avait achevé d’en faire un bijou.
L’interprétation d’Elina Duni arrive comme une bulle portée haut par le souffle du bugle, cette petite trompette au timbre doux, ici joué par le Fribourgeois Matthieu Michel. Il faut citer aussi Fred Thomas au piano caressant, et le subtil guitariste Rob Luft, co-créateur de l’album. Ensemble, ils savent donner à ce voyage aux destinations plurielles une unité dans l’harmonie trouvée entre tous les instruments, dont la voix.
« On espère donner un peu de beauté et un peu d’espoir avec disque. »
Une voix chaleureuse, lumineuse, même quand elle chante la tristesse. Une composition du duo Duni-Luft le raconte: « Lux », lumière, cette lumière qu’on perd de vue dans le chagrin, mais dont Elina Duni, mélancolique optimiste, nous rappelle qu’elle perce dans chaque larme et chaque goutte de pluie.
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