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Publié le 08/07/2020 - Court-métrage

Du 8 au 14 juillet

Dinosaure et Denise d’Aubervilliers, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 8 au 14 juillet 2020.

 

  • Dinosaure, de Pierre Dugowson, devant les projections de La bonne épouse et L’envolée

Dans un parc, une toute petite fille gonfle un énorme ballon. Un garçon l’observe et s’apprête à crever ce ballon, quand la mère de la petite tente de l’en dissuader.

Réalisateur de Leçon de choses, Pierre Dugowson réitère, avec Dinosaure, dans la représentation décalée des discours que peuvent tenir les adultes aux enfants. À la formatrice du premier, déroulant les louanges du capitalisme financier à une classe de maternelle, répond une situation aussi insolite, sinon surréaliste. Son postulat, pourtant, apparaît des plus communs : tandis que des enfants jouent dans un square, un vilain garçon s’apprête à faire exploser le beau ballon rouge que des fillettes ont patiemment gonflé. La mère de l’une d’elles entreprend de dissuader le garnement en une démonstration prenant les voies d’une logorrhée politique, éthique et finalement existentielle !

La drôlerie de l’épisode tient, jusqu’à son dénouement en forme de chute, à son incongruité assumée – voir la mine perplexe du gamin interpellé – et à la prestation, dans le rôle de la maman débordante de conviction, de l’excellente Ophélia Kolb, appréciée l’an dernier dans l’un des rôles principaux d’Amanda, de Mikhaël Hers. On connaissait l’Éléphant de Gus Van Sant et le Mammouth du duo Kervern/Delépine ; place maintenant au Dinosaure de Dugowson !

Scénario Pierre Dugowson Musique Pierre Dugowson Interprétation Ophélia Kolb, Clémentine Bernard Production Cosmonaut 391


  • Denise d’Aubervilliers, de Sami Lorentz & Audrey Espinasse, devant les projections de Benni et Les parfums

Face aux images de son enfance tournées en 1945 par Jacques Prévert et Éli Lotar dans les logements insalubres d’Aubervilliers, Denise Bilem fouille dans sa mémoire pour exhumer les souvenirs intimes qu’elle a pu conserver.

S’inscrivant dans une série documentaire valorisant le patrimoine des quartiers populaires, intitulée “Filmer la ville”, Denise d’Aubervilliers ressuscite d’émouvante façon une œuvre mythique de l’histoire du format court, Aubervilliers d’Éli Lotar. Tourné dans l’immédiat après-guerre, à l’été 1945, il entreprenait de montrer la misère incommensurable dans laquelle pouvaient vivre, à quelques encablures de Paris, des familles prolétaires dépourvues de tout. Le commentaire en avait été écrit par Jacques Prévert, dont la verve militante faisait merveille, et redonnait sa noblesse à une population laborieuse déshéritée, oubliée des puissants.

Une famille ouvrière en particulier était filmée dans les ruines de la ville et dans un quotidien aux âpres conditions, sans eau courante ni électricité. De nos jours, le duo de coréalisateurs, Audrey Espinasse et Sami Lorentz, a retrouvé l’une des fillettes de ce foyer, alors âgée de huit ans. Étant désormais plus qu’octogénaire, Denise se remémore devant leur caméra cette époque, ce tournage et ses conséquences. Et aussi la carrière d’actrice qu’elle choisit de ne pas tenter, pourtant encouragée par Prévert, afin de s’occuper de l’une de ses sœurs, malade. Elle n’aura pas décroché les étoiles, comme elle le croyait alors possible, vit toujours en HLM à “Auber” et nous transmet sa joyeuse philosophie de vie, stoïque et rieuse.Comme dans Babcock, une histoire ouvrière (2017), les deux jeunes documentaristes excellent à saisir l’humanité ordinaire, pour un portrait aussi émouvant que respectueux. Celui d’une femme, d’une ville et d’une manière de voir le monde.

Interprétation Denise Bilem Production La Toile Blanche

L’Extra Court