Retour
Publié le 07/10/2020 - Court-métrage

Du 7 au 13 octobre

La dent et Une longue nuit, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 7 au 13 octobre 2020.

 

  • La dent, de Guy Delisle, devant les projections de L’enfant rêvé et A cœur battant

Pourquoi la petite souris n’a-t-elle pas récupéré la dent laissée sous l’oreiller ? Le Québécois Guy Delisle renoue avec son célèbre « mauvais père » pour illustrer avec humour la paternité. Une fenêtre sur le quotidien, estampillée « Chroniques du 9e art ».

Guy Delisle adapte lui-même son ouvrage Le guide du mauvais père, publié en 2013 aux éditions Delcourt. Auteur de bande dessinée québécois, récompensé notamment du Fauve d’or au Festival d’Angoulême (en 2012), il passe à la réalisation après avoir travaillé comme animateur sur les films des autres, notamment les “maîtres” Michael Dudok de Wit (sur Le moine et le poisson) et Jean-François Laguionie (sur L’île de Black Mor).

Dans La dent, le trait est minimaliste et les décors épurés, autant que la durée du film, qui totalise moins de trois minutes. Le dessin est précis, avec des lignes noires et des tons réduits en couleurs (gris, saumon, rosé), et les quelques mouvements, simples, sont aussi répétitifs que les actions et les lieux, enchaînant de manière cyclique cuisine, chambre d’enfant et salon.

Delisle désacralise le mythe du père fort et valeureux, pour en faire un adulte couard et paresseux. La mauvaise foi mène ainsi ce géniteur, dans son inaction répétée et sa manipulation lâche sur son propre enfant. L’humour naît de la redite, des erreurs et du jeu avec la naïveté, jusqu’à la chute finale, sommet d’opportunisme où le papa profite encore de sa position dominante sur son rejeton qui restera, lui, sur une certaine perplexité.

Interprétation Frédéric Larose, François Létourneau Production Sacrebleu Productions

  • Une longue nuit, de Kamiran Betasi, devant les projections de Yalda, la nuit du pardon et Josep

Dans les guerres et les révolutions, les gens sont souvent victimes, parfois héros, mais les femmes, elles, ne connaissent que larmes, souffrance et chagrin. Quoi qu’il arrive, ce sont les femmes qui se sacrifient, mais sans la moindre reconnaissance. Voici l’histoire d’une femme kurde et de ses sacrifices.

Au sein de certaines cinématographies, l’urgence de témoigner imprègne profondément les fictions contemporaines et donne une résonance supplémentaire au destin des personnages. Une longue nuit l’accomplit en entraînant le spectateur dans l’Iran de 1977, à l’intérieur d’un camp de réfugiés kurdes irakiens, où une femme seule avec ses enfants doit affronter l’adversité.

Le motif trouve évidemment des échos directs avec l’actualité la plus brûlante, celle des mouvements de populations et celle des guerres qui ravagent sans cesse ce coin du globe (en ce moment la lutte des “peshmergas” contre l’État islamique). Le parti pris du récit est de s’attacher à la condition féminine menacée, susceptible d’être en permanence malmenée, bafouée, négligée. Comme c’est souvent le cas pour les cinémas du Moyen-Orient, le réalisateur use de symboles marquants (les chaussures posées devant la tente durant la nuit, pour laisser supposer une présence masculine) afin de toucher, en moins d’un quart d’heure, à une authentique densité émotionnelle.

Scénario Kamiran Betasi Musique Nizamatin Ariç Interprétation Rogas Kirichi, Ravo Sharif, Aryan Majeed, Nojen Betasi, Nasradeen Muhammed Production Directorate Of Cinema, Image Nation Abu Dhabi

L’Extra Court