People in Motion et Lucky Man, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 6 au 12 septembre 2023.
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People in Motion, de Wolfgang Lauenstein & Christoph Lauenstein, devant les projections de Le ciel rouge et Visions
Dans un pays sans lumière, l’apparition soudaine d’un étrange objet lumineux cause de l’agitation parmi les habitants. L’égoïsme et la cupidité infiltrent ce monde obscur. Une parabole particulière sur les défauts du comportement humain.
Récompensés au Festival d’Annecy pour leur dernier film en date, les Allemands Christoph et Wolfgang Lauenstein, qui sont jumeaux, comptent parmi les éminents représentants du cinéma d’animation dans leur pays. Ils font à nouveau mouche avec cette aventure de huit minutes, plus de vingt ans après l’Oscar du meilleur court métrage animé, obtenu pour Balance, et leurs deux longs : Léo et les extraterrestres et La grande cavale.
Le duo reste fidèle à l’animation de marionnettes et à la dystopie d’un monde où une poignée d’hommes, isolés dans un espace-temps irréel, tente de survivre. Après le carré de la plaque en équilibre précaire au cœur de Balance, voici la figure du cercle, avec douze maisons verticales en série, entourant un mystérieux lac rond d’où émerge une boule lumineuse, objet de la convoitise générale.
Les cinéastes racontent l’individualité à tout crin, quand le collectif est divisé par la course à la satisfaction personnelle. Ils filment aussi le conditionnement humain, soumis à des règles obscures. Aucune explication n’émerge, sinon la survie d’un seul spécimen, dès lors condamné à une survie en solitaire, figée avec un objet inanimé, et sans plus aucun espoir de communication. Fascinant.
Scénario Christoph Lauenstein Musique Ernst Voester Production Lauenstein & Lauenstein GbR
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Lucky Man, de Claude Luyet, devant les projections de Le gang des bois du Temple
Un homme joue et gagne. Il est euphorique, mais… Autre jeu, autre joueur gagnant. La nature manifeste sa présence. Au final, l’éloge de la lenteur.
Bel univers graphique que celui de Claude Luyet. Ce réalisateur d’animation suisse livre de véritables pépites depuis plusieurs décennies, d’un portrait d’un boxeur – Le carré de lumière – à cette plongée envoûtante qu’est Lucky Man. Il revisite ici le film noir et la figure du serial-killer, en quatre minutes. Une plongée dans le cinéma de genre qui lui réussit totalement.
Les ombres, toujours, caractérisent son univers. Celles du tourment, de l’angoisse ou de la mélancolie. Ici, elles sont réhaussées et magnifiées par un travail savant sur le noir et blanc. Le grain, gras, est ultra graphique et colle à l’univers du film, qu’on imagine situé en Californie, au Texas ou au Nouveau-Mexique. Dans une Amérique fantasmée, en tout cas, avec les villes fictives de Dorkville et San Felice.
L’humour n’est pas en reste, dans ce film taiseux pourtant très sombre, où un heureux gagnant au jeu se voit coupé dans son élan victorieux par un pompiste patibulaire et fatal. Les “36 Hills” – soit 36 collines – du nom de la station vont trouver une résonance particulière avec la réalité du récit. Quant à la pirouette finale, elle emprunte presque au film catastrophe. Bien vu !
Scénario Claude Luyet, Thomas Ott Musique Balz Bachmann Production Studio GDS