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Publié le 06/03/2024 - Court-métrage

Du 6 au 12 mars

Our Uniform, Bergie et Le batteur du Boléro, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 6 au 12 mars 2024.

Une jeune fille iranienne déroule ses souvenirs d’école en parcourant les plis et les tissus de son vieil uniforme. Elle admet qu’elle n’est rien d’autre qu’une femme et explore les racines de cette idée dans ses années d’école. Ce film est une satire sociale des conventions vestimentaires imposées aux jeunes enfants.

Création originale que ce récit de sept minutes en animation où la confession vocale d’une adolescente iranienne devient le terrain de jeu d’un ballet textile. Tissus et accessoires de couture se succèdent dans une farandole de représentations métaphoriques. Une illustration du quotidien d’écolières en Iran et de la façon de gérer l’uniforme obligatoire, son apparence et la décence soumise à la Loi.

Le travail de dessins sur cellulo est savant. Il illustre une compilation d’histoires vraies, dont l’imbrication s’avère un puissant témoignage, qui peut voyager plus librement que les citoyennes de la nation dépeinte. La sublimation par l’animation permet aussi d’atteindre à l’universel par le symbolique, sans visage, mais avec une voix off qui accompagne les images.

La portée politique n’empêche pas de passer par des pantalons, des voiles, des rubans, des poches, des fermetures éclair et des épingles de sûreté. Toujours en mouvement, la danse des accessoires chante un pays où les femmes doivent cacher leur chevelure, mais où l’apparition d’une mèche peut être une vraie coquetterie, et un enjeu de contre-pouvoir. Du bon usage du hijab !

Musique Hossam Ramzy, Tedstone Michael


Un agent des forces de l’ordre doit expulser des sans-abri pour faire place à une course à pied de 10 km.

Le plan-séquence est à l’honneur dans ce film court de sept minutes, dont l’action se situe sur le trottoir d’une avenue passante d’une ville d’Afrique du Sud. Différentes trames narratives y entrent en collision. Un marathon sportif est sur le point de passer. Des sans-abris y ont élu lieu de séjour. Un policier va devoir y centraliser les enjeux contradictoires. C’est lui qui sert de vecteur au récit filmique.

Le tour de force vient de l’unité de plan et de mouvement, principalement collé au protagoniste. Il va et vient d’une personne ou d’un objet à l’autre, cherchant à maîtriser la situation, entre le prévu et l’imprévu. La narration joue des dilemmes successifs, et des antagonismes entre les différents personnages. Chacune et chacun a son objectif, pressé par l’urgence de la situation.

Dian Weys raconte le monde, sa dureté, sa précarité, son absurdité. La ville y sert d’écrin à la représentation d’une humanité chahutée. C’est là que les contrastes sont les plus criants, et que la vitesse affronte l’inertie. Le tout, saisi par l’impact des images immédiates, via l’adolescent qui filme avec son téléphone, lui-même saisi par la caméra de la fiction à laquelle nous assistons.

Scénario Dian Weys Interprétation Dean Balie, Nicolas Hanekom, Robert Hindley, David Isaacs, Earl Kruger Production Stranger Film


A quoi peut bien penser le batteur du boléro de Ravel pendant toute la durée du morceau ? Avec une application infinie, cet homme va frapper ces mêmes coups sans cesse répétés sur la caisse claire qui se trouve devant lui. Seul le batteur nous intéresse, obstinément pendant la durée du Boléro, jusqu’à l’accord final et aux saluts face au public.

La première rencontre du cinéaste Patrice Leconte et de l’acteur Jacques Villeret avait eu lieu pour le long métrage Circulez y’a rien à voir (1983), avec aussi Michel Blanc et Jane Birkin. Tous deux se sont retrouvés avec ce Boléro… tourné en un plan-séquence qui débute face à l’orchestre, avec le chef de dos, avant d’effectuer un travelling latéral jusqu’au batteur, situé au fond sur le côté de l’ensemble musical.

L’acteur est ainsi entouré des véritables instrumentistes de l’Orchestre symphonique de Paris, mené par Laurent Petitgirard, qui exécute 7 minutes 30 du Boléro de Maurice Ravel, cette création mythique du compositeur français, musique de ballet pour orchestre créée en 1928.
La mélodie, ultra-connue, repose sur l’uniformité et la répétition, le long d’un lent crescendo, avec des effets variants, jusqu’à un final explosif. Et la gestion de la durée permet à Jacques Villeret de passer d’un masque expressif initial à une série de mimiques et de modulations de parties du visage (regard, sourcils, bouche), au fur et à mesure que le morceau avance. Et la monotonie envahit le corps même de l’interprète, figé et fixé à son siège, répétant inlassablement les mêmes gestes.

Scénario Patrice Leconte Musique Maurice Ravel Interprétation Jacques Villeret Production PAC

L’Extra Court