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Publié le 06/04/2022 - Court-métrage

Du 6 au 12 avril

We are become death et Service d’étage, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 6 au 12 avril 2022.

  • We are become death, de Jean-Gabriel Périot, devant les projections de Atlantis

Nous savions que le monde ne serait plus le même. Certains rigolaient. D’autres pleuraient. La plupart restaient silencieux.

Belle étape du parcours prolifique de Jean-Gabriel Périot, qui a les honneurs de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en ce mois de juillet 2021 avec son nouveau long métrage documentaire, Retour à Reims (fragments), d’après l’essai autobiographique du philosophe Didier Éribon. Auparavant, ce court métrage détonant de 2014 racontait, en quatre minutes, la vie sur terre et l’humanité, de sa diversité à sa monstruosité.

L’auteur joue judicieusement du montage et du split-screen pour raconter notre globe. La planète bleue, la nature, les éléments, les paysages divers, les climats, les animaux, les espèces, les humains, les expressions, les situations, les âges, l’individu, le collectif, la catastrophe, l’explosion nucléaire, le champignon atomique. Un tour de force de construction narrative, pour signifier les dérives désastreuses de l’intelligence humanoïde.

L’apparition finale du physicien étasunien Robert Oppenheimer (1904-1967), père de la bombe atomique, sonne comme une conclusion prophétique. L’apocalypse a lieu en direct, et son créateur la commente en 1948, effaré par l’horreur découlant de son œuvre, en reprenant les mots du texte hindou du Bhagavad-Gita, extrait du Mahabharata, qui constate notamment : “Maintenant, je suis devenu la mort, le destructeur des mondes”.

Production Local films


  • Service d’étage, de Arthur Jeanroy, devant les projections de En même temps, A plein temps et La Brigade

Une arme à la main, Albert se demande encore si cette vie absurde vaut la peine d’être vécue quand on frappe à la porte de sa chambre d’hôtel : « Service d’étage ».

Comme dans L’emmerdeur d’Edouard Molinaro, le héros de Service d’étage ne va pas arriver à ses fins à cause d’un intrus. Mais pas de Jacques Brel en vue ! Et l’intrus est une intruse au bon sens pratique. « Vous pourriez au moins faire ça dans la salle de bain ! » lui lance la femme de chambre, qui aimerait finir son boulot à temps, quand elle découvre la pulsion suicidaire de son client.

Arthur Jeanroy nous amuse avec ce portrait d’un désespéré au cœur d’une comédie malgré lui. Les quiproquos sont les meilleurs moteurs de l’humour, et la tenue du protagoniste n’est pas en reste. Il faut dire qu’il passe le film en slip, comme un petit garçon désinhibé, que sa mère au téléphone n’aide pas à grandir en l’appelant « Albert mon lapin ».

Au cœur de l’action, deux interprètes méconnus mais au diapason : Emmanuel Bloch et Mélanie Peyre. Ils incarnent avec aplomb le premier degré nécessaire à cet impromptu de huit minutes et pétri d’un humour noir communicatif. Le huis clos peut avoir du bon, voire sauver une vie, et prendre une chambre d’hôtel peut déboucher sur un moment ultra caustique.

Scénario Arthur Jeanroy Interprétation Emmanuelle Bloch, Mélanie Peyre, Sabine Beaufils Production Ante Bellum Films

L’Extra Court