Gbanga-Tita et Cante, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 5 au 11 octobre 2022.
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Gbanga-Tita, de Thierry Knauff, devant les projections de Tori et Lokita
Lengé est un pygmée Baka. Parmi les siens, dans la forêt équatoriale, au sud-est du Cameroun, Lengé est conteur. Il connaît les récits du début du monde et les mélodies de Tibola, l’éléphant blanc… Il est le dernier conteur de cette partie de la forêt.
Ce qui nous étreint dès les premières images de Gbanga-Tita, ce sont les inflexions du visage et de la voix, cette façon que Lengé a d’être ailleurs (ses yeux parfois dans le vague) et ici (son écoute du chœur des enfants) , un ailleurs dont il a le secret (qui touche à sa mémoire de conteur Baka) , un ici qui l’expose à ceux qui viennent après lui (il est le dernier conteur et les enfants dont il a le souci sont une promesse d’à-venir). Dans les cartons de la fin du film, Thierry Knauff nous apprend que Lengé est mort « quelques semaines après (leur) rencontre ». Ce dernier mot « rencontre » nous donne une indication sur le réalisateur. Il aurait pu aussi bien écrire « tournage » ou « film » mais c’est « rencontre » qu’il retient. Le mot rassemble finalement ce que doit être le film. C’est ainsi que nous découvrons Gbanga-Tita : nous rencontrons et Lengé et le film. Une histoire de grain (de peau, de pellicule et de voix) , une histoire de regard et d’égard (pour celui qui est filmé et de proche en proche celles et ceux qui regardent).
Scénario Thierry Knauff Production Films du sablier, Les Films du Sablier
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Cante, de Teresa Baroet, devant les projections de Un beau matin et L’ombre de Goya
Un homme anonyme, seul dans l’environnement stérile d’un bureau, se confronte à sa propre existence par le biais de la tradition. Il entend le cante alentejano, un chant traditionnel qui le guide à travers les gestes monotones et dénués de sens du travail et de la société moderne.
Quand le Portugal et l’Estonie se rencontrent, cela donne cinq minutes d’animation uniques et étonnantes. La réalisatrice portugaise Teresa Baroet, formée notamment à Porto et à Tallin, retrace sa propre biographie dans cette fiction de cinq minutes.
Le procédé technique de la peinture sur verre confère au film une fluidité rare. Tout passe par les traits et le mouvement. Les aplats de couleurs semblent glisser sur la surface de l’écran, et la rêverie fonctionne au maximum, à la fois dans l’histoire elle-même, sorte de voyage émotionnel dans lequel divague le protagoniste, et dans l’esprit du public.
Le récit s’appuie sur le folklore et les traditions de la région de l’Alentejo, qui recouvre une bonne partie du sud du territoire portugais. Le “cante alentejano” n’est autre que le chant local qu’entonne un groupe d’hommes que l’on voit apparaître, dans leur tenue typique, reconnaissable à leur chapeau et leur foulard noué autour du cou, jouant le rôle de lien avec le passé, les origines, la terre fertile.
Production Estonian Academy of Arts