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05/07/2023 - Court-métrage

Du 5 au 11 juillet

La Vita Nuova, Les fantômes de l’usine et Hammam, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 5 au 11 juillet 2023.

 Au cœur d’une capitale survoltée, Freddie et Daniel vivent un bref instant d’intimité.

Un déluge de couleurs vives, de désir et d’amour inonde ce court métrage signé Arthur Sevestre. Le réalisateur a œuvré dans le cadre de la caverne aux trésors d’animation drômoise qu’est la Poudrière. Le dessin en deux dimensions regorge de vitalité et de féerie, au milieu de l’agitation d’une mégapole survoltée par la circulation piétonne et automobile.

C’est l’histoire d’émotions en chaîne, du film vu sur grand écran par le héros, avec son happy-end amoureux déchirant, à la rencontre inopinée avec un inconnu sur un passage piétons. Les larmes coulent dans la salle de cinéma et sur le bitume, le battement du cœur s’accélère durant l’échange coup de foudre en plein boulevard, jusqu’au souffle coupé pendant la course pour retrouver l’autre.

Avec très peu de dialogues et quatre minutes de récit, le réalisateur installe un climat, un ton, un style. Du bleu nuit initial du film dans le film, à celui de la ville dans la dernière scène de galopade après le bus, la poésie l’emporte par les ciels étoilés et le graphisme coloré de la ville surchargée. De façades bigarrées en terrasses, d’escalators en affiches, l’urbanité rayonne.

Musique Alexis Pecharman Production La Poudrière


  • Les fantômes de l’usine, de Brahim Fritah, devant les projections de Master Gardener

“Tu balaies, tu jettes les poubelles, t’essuies les tables et lentement ton esprit flotte.” À quoi pense le jeune balayeur ? à quoi rêve-t-il ?

Belle et émouvante immersion que cette proposition expérimentale signée Brahim Fritah en 2014. L’auteur aime mêler image fixe et image en mouvement, réel et poétique, passé et présent. Depuis le bien nommé Chroniques d’un balayeur, documentaire datant de 1999, il met aussi la lumière sur les invisibles de la société, et toujours avec une bienveillance qui n’empêche pas le regard frontal sur son sujet.

L’émotion naît du récit que les voix narratrices évoquent. Reda Kateb et Yanis Bahloul prêtent ainsi leur timbre au narrateur adulte et enfant. C’est l’histoire d’un passé qui ressurgit à travers la visite d’une usine désaffectée, et à travers les fantômes des ouvriers, du balayeur de tous les souvenirs, et de la famille qui veillait sur la propreté des lieux. C’est un monde d’avant la globalisation et l’ubérisation actuelles.

Le tissage des images filmées et des photographies se double d’effets de montage au pouvoir fortement évocateur. La nostalgie gagne l’écran, même pour le public qui n’a pas connu ces décors et personnages précis. Comme dans Adieu Gary de Nassim Amaouche (2009), l’usine n’est plus, les travailleurs ne sont plus, mais la conscience surgit, tout comme le siècle qu’il faudrait pour “nettoyer l’honneur bafoué des ouvriers”.

Scénario Brahim Fritah


Deux jeunes filles se rendant pour la première fois au hammam vont nous guider et nous perdre…

Trente ans avant son premier long métrage La traversée, qui vient de faire le tour du monde, Florence Miailhe signait ce premier court, primé au festival d’Amiens et nommé aux Césars. Hammam est une plongée sensorielle au palais des mille et une nuits du soin. Une immersion en sons et en images dans le huis clos du temple du corps et de l’eau, côté féminin.

L’art pictural de l’animation, cher à la réalisatrice, inonde chaque photogramme. La fluidité des lignes, des traits, des silhouettes se double d’un chatoiement des mouvements et des couleurs. Comme dans les toiles de Matisse, la danse est en fête. Danse des enchaînements, enchevêtrements, surimpressions, avec des farandoles d’odalisques, et de ballets de voiles et de dévoilements.

L’originalité de l’aventure naît du mélange de linéarité narrative et de poésie pure. Deux femmes pénètrent le sanctuaire, avant de se fondre dans la masse charnelle et animée. Les rituels présentés, du bain au massage, de la douche au hammam, vont déboucher sur une grande fresque de motifs répétés à l’infini. Tout cela en rythme avec des musiques traditionnelles du Burundi comme avec Inta omri d’Oum Kalthoum. Envoûtant.

Scénario Florence Miailhe Production Paris-Plage Productions

L’Extra Court

  • En plus : du 28 juin au 29 août, découvrez avant chaque séance des 100 ans de Warner Bros. un court métrage des Looney Tunes !