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05/01/2022 - Court-métrage

Du 5 au 11 janvier

The Devil et Je suis Thalès, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 5 au 11 janvier 2022.

  • The Devil, de Jean-Gabriel Périot, devant les projections de Twist à Bamako

“Vous ne savez pas qui nous sommes…”, lance d’emblée une femme d’origine afro-américaine. Un montage d’archives filmées et de photos retrace à la suite l’histoire des fameux Black Panthers, sur le rythme d’une musique post-punk.

On sait combien le réalisateur multi-talents Jean-Gabriel Périot, âgé de quarante-cinq ans, se passionne, depuis de nombreuses années, pour les archives visuelles et sonores, et plus largement pour l’Histoire. Il travaille ainsi sans relâche différents matériels documentaires, s’intéressant à toutes les zones géographiques et ayant déjà signé une vingtaine de courts métrages, mais aussi trois longs métrages (Une jeunesse allemande, Lumières d’été et Nos défaites, en salles à l’automne 2019), tant sur un registre de documentaire “pur” que dans celui de la fiction.
The Devil débute sur une revendication : “Vous ne savez pas qui nous sommes…”. Il s’agit de celle du mouvement de libération afro-américaine Black Panther Party, né en Californie en 1966 et qui s’est éteint en 1982. Ses deux membres fondateurs étaient Huey P. Newton et Bobby Seale, assassiné en 1989. Basé à l’extrême-gauche de l’échiquier politique, le mouvement mêlait le marxisme-léninisme, le maoïsme, l’anticapitalisme et le nationalisme noir. Des résonnances qui demeurent fortes aujourd’hui, en raison de la politique ultra nationaliste, protectionniste et pro-WASP menée par l’actuel 45e président des États-Unis Donald Trump, depuis janvier 2017.

En écho au combat au cœur des images, le titre éponyme The Devil du musicien français Boogers (pseudonyme de Stéphane Charasse) revient, tel un mantra, tout au long du film. Il fait partie de son album As Clean as Possible, sorti en 2010. Les uniques paroles scanent inlassablement : “If you Look upon my Face, You are Watching Now the Devil” (“Si tu regardes mon visage, tu peux voir le Diable”). Boogers avait déjà collaboré avec Périot sur un autre de ses courts : Entre chiens et loups (2008).

Scénario Jean-Gabriel Périot Production Local films


  • Je suis Thalès, de Florent Hill devant les projections de Mes frères et moi et Tromperie

Le partage, ça se partage !

Dans ce film issu du Nikon Film Festival, Florent Hill jongle malicieusement avec les incontournables réseaux sociaux et technologies contemporaines. Ses héros adolescents rivalisent de jeu avec Instagram et Snapchat, alias “Insta” et “Snap”, et les utilisent pour se mettre en valeur, comme pour monnayer leurs intérêts divers et variés. Un phénomène mondialisé du moment, qui nourrit d’une saveur judicieuse cette comédie au titre en forme de clin d’œil aux mouvements de solidarité.

La pression entre élèves, la manipulation et le harcèlement, la course à l’amitié et aux “likes” virtuels apparaissent en filigrane de cette fantaisie qui déjoue les attentes et renverse avec drôlerie les mouvements de domination. Ciselant son film comme un sketch, le réalisateur livre une chute savoureuse, qui transcende le verdict professoral en l’appliquant à la transaction adolescente…

Les films scolaires forment presque un genre en soi et le collège qui sert de toile de fond au récit ne déroge pas aux lois du genre. Scènes de classe, espace en huis clos, jeu des points de vue sur les premiers rangs, les rangs du fond et le tableau près duquel officie l’enseignan(e). Gros plans, plans larges sur la classe, plongées, contre-plongées, jeu de mise en abyme d’image dans l’image (les téléphones) : le travail sur la forme est évident, en à peine deux minutes trente…

Scénario Florent Hill Musique Guillaume Ferran

L’Extra Court