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Publié le 04/05/2022 - Court-métrage

Du 4 au 10 mai

Fuck les gars et Greefields, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 4 au 10 mai 2022.

  • Fuck les gars, de Anthony Coveney, devant les projections de Ténor et Les passagers de la nuit

Tous les élèves de sixième retirent leur manteau de leur casier. Un papier circule discrètement entre les enfants, jusqu’à Anaïs. Elle l’ouvre et découvre qu’il s’agit d’un message de Laurier. Couteau dans le cœur, rage dans les yeux, elle se précipite sur lui et le gifle au visage. Le premier chagrin, ça frappe !

Le jeune réalisateur canadien Anthony Coveney est un habitué du format court et du visuel. Il a signé de nombreux clips pour les artistes Zen Bamboo, Les Louanges ou Simon Kearney. Outre ses créations autour de la musique, il a aussi mené à bien des fictions courtes de cinéma, dont ce délirant “teen movie”, revisitant les figures imposées du genre en les dynamitant.

L’école est l’unique décor de cette aventure colorée. Tous les lieux et contextes sont là : salle de classe, casiers dans les couloirs, bureau du directeur, cantine, salle de sport, séance photos. L’enjeu peut donc s’y déployer. Anaïs subit une rupture par mot laconique (“Je casse”, accompagné d’un smiley triste), écrit à la va-vite sur un bout de papier, transmis par une chaîne d’élèves. Puis elle se rebelle…

La révolte se propage et la protagoniste va au conflit dans chaque situation, pour mieux imprimer sa colère envers la lâcheté masculine. “Fuck les gars” devient son crédo et l’opposition son mode de relation à l’autre. Les montages cut et les situations à répétition créent une drôlerie dévastatrice, jusqu’à ce qu’elle trouve une complicité réconfortante avec un camarade de poterie.

Scénario Anthony Coveney Production Université du Québec à Montréal


  • Greenfields, de Luis Betancourt, Joseph Coury et Michel Durin, devant les projections de Limbo

Dans une cité dirigée par l’industrie et le totalitarisme militaire, un père et son fils apprennent l’existence d’un monde meilleur. Ils décident de braver les dangers pour fuir vers cette promesse de liberté.

C’est dans le cadre de leurs études à la renommée école Supinfocom de Valenciennes que les talents en herbe Luis Betancourt, Joseph Coury, Michel Durin, Charly Nzekwu et Benjamin Vedrenne ont réalisé ce court métrage d’animation. Produit en 2013, le film du quintette a fait le tour du monde des festivals en 2014. Il brille encore aujourd’hui par son brio formel et par sa puissance évocatrice.

Belle idée de démarrer l’aventure par des images sidérurgiques mystérieuses, en prises de vues réelles et en gros grain, pour glisser avec le générique initial vers l’animation en 3D. Le travail sur la reconstitution d’une cité dictatoriale isolée en pleine nature, derrière des remparts implacables, est impressionnant de richesse esthétique. On reste fasciné par la précision architecturale sur l’urbanité des états totalitaristes.

Comme dans nombre d’épopées animées, des protagonistes veulent échapper à un destin programmé et à un manque de liberté, et c’est par les airs qu’a lieu l’envolée. Mais le miroir aux alouettes de l’“ailleurs l’herbe est plus verte” va se révéler tragique. La fiction piège fait des étincelles au cinéma. Les résonnances avec l’actualité et la cruauté du réel n’en sont que plus fortes.

Scénario Luis Betancourt, Joseph Coury, Charly Nzekwu Production Supinfocom Valenciennes

L’Extra Court