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Publié le 31/05/2023 - Court-métrage

Du 31 mai au 6 juin

Y’a bon ?, Un dimanche matin à Marseille : Béranger et The People Who Never Stop, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 31 mai au 6 juin 2023.

  • Y’a bon ?, de Marc Faye, devant les projections de L’île rouge

Le 23 février 2005, la radio annonce un projet de loi sur les bienfaits de la colonisation francaise. Cette annonce vient troubler le quotidien de Louise et de sa famille. Sa maison se révèle être habitée par d’étranges présences.

Mené par Marc Faye, Y’a bon est éloquent dès son titre. Affirmation a priori joviale et ensoleillée, tirée d’une l’exclamation de joie et de contentement des tirailleurs sénégalais et arabes embringués dans la Guerre de 1914-1918. Devenu un slogan publicitaire pour la marque de cacao en poudre Banania, elle est depuis porteuse d’une lourde signification coloniale et raciste, donc d’un passé peu glorieux.

Datant de 2021, le film remet à plat un pan de l’Histoire de France du XXe siècle, de l’exploitation et de l’horreur, jusqu’aux tortures commises en Algérie durant la guerre de 1954-1962. Le film se dirige progressivement et se clôt sur le rappel d’un projet de loi datant de février 2005, orienté sur les bienfaits de la colonisation française… La visée est audacieuse et bienvenue que de traiter ce sujet grave par le biais de l’animation et du dessin.

Le réalisateur et son coscénariste et ingénieur du son Thomas Gallet ont construit une fable où les voix-off se répondent, d’émission radiophonique en narration du personnage central. Les couches temporelles s’entremêlent au fil des scènes et des effets de transparence. Comme dans les fondus enchaînés et les surimpressions en prises de vues réelles, les images parfois se superposent, pour mieux montrer les causes à effets de l’Histoire. Le résultat est vertigineux…

Scénario Marc Faye, Thomas Gallet Interprétation Nicolas Gonzales, Sélina Casati Production Novanima, Girelle Production


Béranger, la cinquantaine, prépare son repas de dimanche midi. On sonne à sa porte. Zora Médioui, une voisine, a reçu une lettre…

C’est dans le cadre de l’association de lutte contre le VIH et les hépatites virales Aides Provence que Mario Fanfani a réalisé en 1998 trois courts métrages intitulés Un dimanche matin à Marseille. Trois portraits, trois tranches de vie, portant le prénom du personnage central, confronté à un autre, et à la réalité de la maladie. Il y a Catherine, il y a Renaud et il y a Béranger.

Jean-Pierre Bacri incarne ici le protagoniste, tranquillement installé dans la cuisine de son appartement marseillais en cette matinée dominicale, et soudain dérangé par une voisine de palier, campée par Fatiha Cheriguene, qui a besoin d’aide pour lire un courrier qu’elle a reçu. D’une conversation anodine reportée à plus tard, car la compagne de Béranger est absente, le récit bascule vers un partage humain dans un moment difficile.

Les décors sont simples : la cuisine et l’entrée de l’appartement, puis l’allée extérieure et ouverte, desservant les différents logements de l’étage, avec vue sur les plaines de l’agglomération phocéenne. Le naturalisme domine et laisse passer l’émotion discrète, qui raconte le partage et l’empathie, face à la séparation, à l’incarcération, à l’illettrisme et au Sida.

Scénario Jean-Benoît Terral, Mario Fanfani Musique Véronique Fiszman Interprétation Fatiha Cheriguene, Jean-Pierre Bacri Production Mandala Productions


L’histoire d’une foule qui ne s’arrête jamais, pour le meilleur comme pour le pire.

C’est à l’ordinateur en 3D que Florian Piento a créé cette courte aventure animée. Une chronique d’observation et de recréation du comportement social de masse, à travers la marche sans fin de lignes humaines comme autant de courants infinis. Rien ne semble pouvoir stopper cette fluidité mécanique, dans les deux sens opposés de sa circulation. Comme une immuable fatalité.

Telles des figurines aux allures de poupées programmées, les personnages avancent sans relâche, citoyens lambda, quel que soit leur profil. La foule fait face, avec un flegme inflexible, aux malaises, aux bizarreries, aux incursions obliques, aux catastrophes naturelles. Le miroir de la discipline extrême de la société japonaise est flagrant, mais la parabole universelle n’est pas loin non plus.

Heureusement, la poésie trouve sa place, avec l’arrivée des pétales de fleurs, chers à l’esprit nippon. La nature légère et colorée dérègle enfin la machinerie. Les regards se lèvent et la respiration trouve droit de cité. Si l’adage dit que la musique adoucit les mœurs, ici présente au son avec une mélodie japonisante, il se double d’un espoir possible, malgré l’uniformisation déshumanisante. Moralité : rien n’est jamais joué !

Musique Takai Isamu, Tadashi Kitagawa Production Autour de minuit

L’Extra Court