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Publié le 31/08/2022 - Court-métrage

Du 31 août au 6 septembre

Pacotille et Vaysha, l’aveugle, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 31 août au 6 septembre 2022.

  • Pacotille, de Éric Jameux, devant les projections de Avec amour et acharnement et La dégustation

Thierry propose à Karine de monter dans sa voiture garée sur un parking. Le couple est en froid. En guise de réconciliation, Thierry offre à sa petite amie un pendentif sur lequel est gravée une sentence amoureuse… Contre toute attente, Karine interprète cette phrase de façon négative. La réconciliation se transforme peu à peu en malentendu puis en dispute.

Eric Jameux a fait le tour des festivals, jusqu’à une nomination aux César, avec ce duo impayable entre Karine, jeune femme à l’esprit cartésien, qui réagit au quart de tour, et Thierry, amoureux maladroit qui tente comme il peut de sauver les meubles. Au final, ce sont douze minutes de joute verbale et émotionnelle, dans le huis-clos de l’avant d’une voiture, ponctué par des plans larges et extérieurs en début et fin de film.

Situé sur le quai d’une zone portuaire de ville du Nord, l’aventure se passe en 1983, comme l’annoncent les vignettes collées sur le pare-brise de la bagnole sport. Le réalisateur distille le titre culte de Patrick Coutin J’aime regarder les filles, datant de 1981, qui succède au Printemps Allegro des Quatre saisons de Vivaldi, et le look des personnages en blouson de cuir et vinyle joue la carte rock du moment.

Un savoureux quiproquo mène la danse, et fonctionne par effet boule de neige, dès l’arrivée du garçon, que sa dulcinée se rappelle avoir vu en compagnie d’une autre. L’effet comique, mais dramatique pour les personnages, naît du pendentif en forme de cœur gravé du dicton « Plus qu’hier / Moins que demain ». Judicieuse idée d’avoir transformé une déclaration d’amour en motif de dispute fatale.

Scénario Éric Jameux Musique Antonio Vivaldi, Patrick Coutin Interprétation Sophie Quinton, Christophe Giordano Production Lazennec tout court, Lazennec Tout Court


  • Vaysha, l’aveugle, de Theodore Ushev, devant les projections de Les cinq diables

Vaysha n’est pas une jeune fille comme les autres, elle est née avec un œil vert et l’autre marron. Ses yeux vairons ne sont pas l’unique caractéristique de son regard. Elle ne voit que le passé de l’œil gauche et le futur de l’œil droit.

Nommé à l’Oscar du court métrage d’animation en 2017, Vaysha, l’aveugle constitue un nouveau sommet dans l’œuvre de Theodore Ushev, artiste d’origine bulgare installé au Canada, après Les journaux de Lipsett et Rossignols en décembre notamment.

Suscitant l’admiration dans les festivals partout à travers le monde, cette adaptation d’une nouvelle signée Georgi Gospodinov, compatriote du réalisateur, fascine tant par sa forme graphique, belle et singulière, que par ses fulgurances philosophiques, sinon métaphysiques. C’est sur le mode du conte qu’est développée l’histoire de la jeune Vaysha, dont les yeux ne voient pas le présent, mais le passé pour l’un et l’avenir pour l’autre. Le symbole est puissant de ne pouvoir visualiser l’instant, même avec les yeux ouverts, avec tout ce que cela peut supposer d’inadaptation sociale, de méfiances d’autrui et d’incapacité à construire sa propre vie, matérielle ou affective. La musique majestueuse de Purcell, volontiers “kubrickienne”, achève de donner au film une dimension supérieure évidente, celle d’un chef-d’œuvre absolu.

Interprétation Caroline Dhavernas Production Office national du film du Canada

L’Extra Court