No et Le p’tit bal, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 30 mars au 5 avril 2022.
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No, de Abbas Kiarostami, devant les projections de Petite nature
Lors d’un casting, une fillette apprend qu’elle doit se couper les cheveux pour obtenir le rôle.
Le regretté grand maître du cinéma iranien a toujours aimé alterner formats et durées. Abbas Kiarostami (1940-2016) a ainsi abreuvé ses presque cinquante ans de cinéma de films variés, donc ce méconnu No illustre la rafraîchissante curiosité. Huit minutes suffisent à installer son univers, fait de jeu entre le réel et la fiction, entre la captation documentaire et la mise en scène pure.
Produite par la Cinémathèque française, cette séance de casting en Italie joue avec la manipulation propre au Septième Art. Une première gamine âgée de quatre ans, Rebecca, répond poliment aux questions et résiste à la tentative d’instrumentalisation adulte, avant de céder la place à une série de plans rapides sur d’autres fillettes et leurs “non” enchaînés. Gros plans et regards caméras rivalisent de malice avec la grammaire de la réalisation.
Le film est aussi une ode à la féminité, à travers ces différents visages et cette jeunesse anonyme, à la portée universelle. L’aventure s’achève sur des chevelures au vent et célèbre la liberté en bord de mer. Une vraie portée politique, de la part d’un cinéaste issu d’une nation où la loi étatique force les femmes à se couvrir les cheveux en public et en extérieur, afin de ne pas attirer les regards.
Production Zadig Productions, La cinémathèque française
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Le p’tit bal, de Philippe Decouflé devant les projections de En corps
Sur une chanson de Robert Nyel et Gaby Verlor, interprétée par Bourvil, ‘C’était bien’, un couple se communique toute l’émotion de son amour dans un langage dérivé de la langue des signes.
Le p’tit bal est signé du danseur et chorégraphe français Philippe Decouflé, né en 1961. C’est cette même année que vit le jour la fameuse chanson française C’était bien, parfois renommée Le p’tit bal perdu. Robert Nyel est l’auteur des paroles, et Gaby Verlor la compositrice de la musique. Elle fut initialement interprétée par Juliette Gréco, puis quelques mois plus tard par Bourvil, qui chante la version choisie ici. Comme pour un clip vidéo, la durée du film colle à celle de la chanson.
Decouflé est l’homme-orchestre de cette aventure cinématographique, dont il assure le scénario, la production, la réalisation et l’interprétation. Il incarne le héros de son film, au côté de la danseuse et chorégraphe Pascale Houbin. Assis côte à côte à une table, au cœur d’un champ, ils accompagnent corporellement les couplets et refrain, dans une gestuelle inspirée par le langage des signes.
La fantaisie poétique naît d’un travail sur les situations et sur l’association d’idées avec les mots énoncés par Bourvil. Ainsi, l’homme s’empare d’un téléphone, et la femme d’une bouteille de lait, en parallèle de la répétition vocale « qui s’appelait, qui s’appelait, qui s’appelait », devenu un jeu entre « appel » et « lait ». Autour d’eux, un décor champêtre, coloré et joyeux.
Scénario Philippe Découflé Musique Gaby Verlor, Robert Nyel Interprétation Pascale Houbin, Annie Lacour, Philippe Découflé Production Compagnie DCA / Oïbo, Oïbo