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Publié le 03/04/2024 - Court-métrage

Du 3 au 9 avril

Aaaah !, 15 août et La Notte, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 27 mars au 2 avril 2024.

D’après le concert RV 439 « La Notte » de A. Vivaldi. Carnaval à Venise : Pulcinella tente de se glisser dans une soirée VIP, sans trop de succès. Au milieu de masques somptueux, de triomphes gastronomiques et de femmes sensuelles, son rêve de richesse et de célébrité se transforme en cauchemar, lui révélant la valeur inestimable de sa vie simple mais authentique.

À ne pas confondre avec le légendaire long métrage de 1961 signé Michelangelo Antonioni et situé à Milan, La notte de Martina Generali, Simone Pratola et Francesca Sofia Rosso est un court métrage italien qui plonge le spectateur en pleine Venise, un soir de bal. La Cité des Doges est magnifiée dans sa mythologie du masque et du carnaval, par un travail célébrant la couleur via le dessin en animation 2D.

Les auteurs invitent à revisiter les personnages de la Commedia dell’arte en suivant Polichinelle (soit Pulcinella), esseulé et débouté de son désir d’accéder lui aussi aux réjouissances du beau palais. Mais son éviction des lieux tiendra sa revanche par le rêve. Il connaîtra lui aussi son heure de gloire au pays des merveilles, avant d’en être chassé. Le revers de la médaille des mésaventures du héros masqué.

Mais La notte est aussi le titre d’une création musicale d’Antonio Vivaldi, qui accompagne ces aventures animées. Le Concerto pour flûte n°2 en sol mineur résonne dans les rues vénitiennes, le long des allers et venues pleines de mystère. Le trio de cinéastes animateurs joue des clichés et des réalités, du rêve et du cauchemar, de l’ombre et de la lumière, du jour et de la nuit.

Scénario Simone Pratola Production Cenro Sperimentale di Cinematografia


 Kaboul, 15 août 2021. Alors qu’elle est en plein entretien, Maud est interrompue et se retrouve confrontée à sa propre impuissance face au rêve de Sadiqa : celui de vivre.

Avec une riche expérience accumulée dans le secteur culturel – dans le théâtre, le cirque, puis le casting –, Tamara Kozo nourrit son travail de réalisatrice de son regard transversal. Son film 15 août a été sélectionné dans la liste des cinquante opus retenus en compétition au cours de la 12e édition du Nikon Film Festival en 2022. Celle-ci avait pour thème “Un rêve”.

En deux minutes et vingt secondes, l’auteure nourrit une tension grandissante. Elle mélange avec succès la portée documentaire et le suspense, dans cette interview en terrain où le danger plane. Une journaliste reporter française interroge une femme afghane à Kaboul, où les Talibans avancent et menacent la liberté. Le témoignage est illustré en direct par les coups de fil qui informent.

L’actrice qui incarne l’interviewée, Wazhma Bahar, est citée au générique comme collaboratrice au scénario. Le film met en scène les paradoxes du regard et de l’implication étrangers, face à l’urgence de la fuite. Sadiqa demande à Maud de l’emmener, elle et sa famille, à l’aéroport, mais cette dernière lui répond que c’est impossible, ne lui lançant qu’un “I’ll call you later”.

Musique Théo Palfray Interprétation Wazhma Bahar, Anouk Féral


 Inspiré de l’album Thursday Afternoon de Brian Eno, Thursday Night est un thriller fantastique joué par deux chiennes : la douce Bimbo qui, une nuit, reçoit la visite de la mystérieuse Dakota pour lui remettre un message.

Voyage au pays des fantômes portugais, avec ce film court intrigant. Le réalisateur Gonçalo Almeida met en scène un passage de la vie vers la mort avec des canidés. C’est un véritable ballet entre deux bêtes, dans une maison, la nuit. La première est interloquée par l’arrivée de la seconde, et fait le tour de la demeure, sur les traces de l’autre, avant de se voir elle-même couchée, inanimée. La métaphore est forte.

Le travail sur la lumière est savant. Les couleurs et éclairages chauds se concentrent avant tout sur la chienne Bimbo, alors que la visiteuse Dakota, au pelage immaculé, a droit à la blancheur et au bleuté. Chaud et froid. Vie et mort. Les énergies circulent aussi par le rythme, à vitesse normale pour la première, et au ralenti pour la seconde, pour mieux témoigner d’une parenthèse temporelle inédite.

La portée fantastique est accentuée par l’absence de dialogues et par un traitement sonore déréalisé, entre sons directs et incursions musicales. Le cinéaste a lui-même cosigné la bande originale, et a créé un climat gagné par l’étrangeté. L’architecture de la maison familiale devient aussi un espace mental et progressivement émotionnel, où la chienne doit faire ses adieux au vivant.

Scénario Gonçalo Almeida Musique Gonçalo Almeida, Zé Valério

L’Extra Court