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Publié le 29/07/2020 - Court-métrage

Du 29 juillet au 4 août

Enough et Love is Blind, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 29 juillet au 4 août 2020.

 

  • Enough, de Anna Mantzaris, devant les projections de Beloved et Les meilleures intentions

Il y a des moments où l’on perd tout contrôle de soi. On souhaite seulement hurler : “Assez !”.

Ces savoureuses deux minutes trente sont dues à l’imaginaire fertile d’Anna Mantzaris, qui a pensé et élaboré cette œuvre d’animation savante sous la bannière du prestigieux Royal College of Art britannique. Son créneau technique s’appuie sur la création et la manipulation de marionnettes : des figurines représentent l’être humain dans une panoplie de situations du quotidien, en extérieur comme en intérieur, dans le privé comme dans l’espace public.
Un regard frontal et caustique sur le monde moderne nourrit cette courte fiction. Une proposition bienvenue, aussi, en cette ère de la course à la performance, du stress généralisé, du tout électronique, numérique et assisté. Sous le coup de la sollicitation permanente, de l’agression, et de l’oubli de soi, l’humanité dit : “Stop !”. Hommes et femmes en ont assez. Un reflet des pétages de plomb, “burn out”, dépressions et même suicides marquant nos sociétés.

Quand les pulsions reprennent le dessus sur le conditionnement, l’anarchie des réactions éclabousse. La réalisatrice propose un regard sans fard mais rempli d’humour, aussi noir soit-il. L’accumulation de ces saynètes crée par enchaînement un effet salvateur. Cathartique pour le spectateur, qui peut se reconnaître ou s’identifier à des comportements. La mise en scène du jusqu’au-boutisme fait rire et soulage à la fois. Les personnages de fiction se permettent ce que la raison n’autorise pas toujours de faire.

Musique Phil Brookes Production RoyalCollegeofArt


  • Love is Blind, de Dan Hodgson, devant les projections de The Climb et Terrible jungle

Alice se lance dans une étreinte fougueuse avec son jeune amant, succombant finalement à la tentation. Ils seront cependant vite surpris en entendant son mari, James, rentrer exceptionnellement tôt.

Dan Hodgson signe une comédie anglaise débridée, qui brigua la Palme d’or du court métrage au Festival de Cannes 2015. Le vaudeville est ici revisité, avec la figure classique du trio épouse-mari-amant. Ce dernier ne se cache pas dans le placard, mais sous le lit, avant de devoir prendre la poudre d’escampette au retour imprévu du second, soudain empressé de s’excuser… de son infidélité ! Quiproquos à gogo !

La surdité de l’époux comme ressort comique donne lieu à une dynamique de scénario inédite. L’épouse peut déclamer à loisir à son amant hors champ, ou dans le dos de l’officiel, du moment que le mari ne voit pas les lèvres de sa femme s’agiter, au lieu de ses mains usant du langage des signes entre eux deux. Le réalisateur se donne à cœur joie dans l’humour de situation, et dans la scénographie du positionnement des corps. Double langage, volte-face, et art de la chute sont au programme, pour des surprises en chaîne, promises par une mécanique au timing bien huilé durant sept minutes.

Scénario Dan Hodgson Interprétation Sophie Allen, Will Best, Ace Mahbaz Production BirdFlightFilms

L’Extra Court