Oktapodi et Love is Blind, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 29 décembre 2021 au 4 janvier 2022.
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Oktapodi, de Julien Bocabeille, François-Xavier Chanioux et Olivier Delabarre, devant les projections de La Brigade
Pour échapper aux griffes d’un commis cuisinier, deux poulpes se lancent dans une burlesque course poursuite. Pourtant, malgré leur improbable succès pour échapper à leur fatale destinée, leur combat pour rester unis ne semble pas fini.
C’est une stupéfiante trajectoire qu’a connu Oktapodi, film de fin d’études de l’école parisienne des Gobelins, dont la réputation est désormais internationale et qui est allé jusqu’à la cérémonie des Oscars à Hollywood.
Le succès du film s’explique aisément, tant par son rythme, son explosion de couleurs et sa brièveté exemplaire. En effet, il faut à peine plus de deux minutes pour qu’une incroyable course-poursuite se déroule sous nos yeux, investissant les rues escarpées d’une île grecque, aux maisons blanches et bleues, comme il se doit, et sous un soleil radieux. L’enjeu est limpide : un couple d’adorables poulpes amoureux – l’un orangé, l’autre rose ! – a été séparé et le premier veut absolument empêcher la transformation de sa bien-aimée en salade locale !
Sur un montage absolument trépidant, les gags fusent, irrésistibles (voir l’encre jetée par le poulpe sur le gastronome kidnappeur), et leur efficacité est maximale. S’il est encore besoin de prouver à quel point l’animation 3D sur ordinateur a véritablement atteint un niveau de perfection époustouflant, Oktapodi se présente comme l’ambassadeur idéal.
Production Gobelins, l’école de l’image
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Love is Blind, de Dan Hodgson devant les projections de Tromperie et The Card Counter
Alice se lance dans une étreinte fougueuse avec son jeune amant, succombant finalement à la tentation. Ils seront cependant vite surpris en entendant son mari, James, rentrer exceptionnellement tôt. Alice va ainsi se retrouver sur un terrain miné à jongler entre la sauvegarde de son mariage et l’urgente évacuation de son amant.
Dan Hodgson signe une comédie anglaise débridée, qui brigua la Palme d’or du court métrage au Festival de Cannes 2015. Le vaudeville est ici revisité, avec la figure classique du trio épouse-mari-amant. Ce dernier ne se cache pas dans le placard, mais sous le lit, avant de devoir prendre la poudre d’escampette au retour imprévu du second, soudain empressé de s’excuser… de son infidélité ! Quiproquos à gogo !
La surdité de l’époux comme ressort comique donne lieu à une dynamique de scénario inédite. L’épouse peut déclamer à loisir à son amant hors champ, ou dans le dos de l’officiel, du moment que le mari ne voit pas les lèvres de sa femme s’agiter, au lieu de ses mains usant du langage des signes entre eux deux. Le réalisateur se donne à cœur joie dans l’humour de situation, et dans la scénographie du positionnement des corps. Double langage, volte-face, et art de la chute sont au programme, pour des surprises en chaîne, promises par une mécanique au timing bien huilé durant sept minutes.