Fuck l’amour et Sur le toit, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 28 octobre au 3 novembre 2020.
- Fuck l’amour, de François Zabaleta, devant les projections de ADN
Un homme retrouve de vieux films super 8 et évoque le souvenir de ses parents morts il y a trente ans. Un souvenir qui toute sa vie l’a hanté et le hante toujours.
À la fois écrivain, plasticien, photographe et cinéaste, François Zabaleta s’est à travers Fuck l’amour adonné à l’exercice du court métrage sur une durée très brève et en s’appuyant sur un matériau des plus intimes. Il utilise en effet des prises de vues effectuées en juillet 1977 à l’aide d’une caméra super 8, dans une petite ville ensoleillée (Briare, sur la Loire), où un drame personnel s’était joué deux jours auparavant : le père et la mère du narrateur, à qui le cinéaste prête sa voix, se sont jetés d’un pont et ont ainsi abandonné leurs enfants – celui qui raconte et sa sœur aînée –, dès lors orphelins et devenus comme handicapés sur le plan sentimental.
Comment croire à une relation amoureuse possible lorsque ses géniteurs ont préféré se donner la mort plutôt qu’affronter le vieillissement, sans tenir compte des besoins de ceux qu’ils avaient mis au monde ? Sur des plans aux cadres très soignés, l’exploration des lieux est aussi celle du paysage mental de celui qui filme, marqué à jamais par la tragédie et qui conclut en reprenant l’inscription d’un tag rencontré dans la rue : “Fuck l’amour”. On ne saura jamais si on est vraiment dans un journal intime ou une pure fiction inventant de toutes pièces son argument, mais qu’importe : une émotion intense est au rendez-vous.
Scénario François Zabaleta Interprétation François Zabaleta Production Atopic
- Sur le toit, de Damià Serra Cauchetiez devant les projections de Josep
C’est l’été. Adrián et sa bande grimpent chaque après-midi sur le toit afin d’espionner une jeune femme dénudée qui prend le soleil. Mais cette journée ne sera pas comme les autres, alors qu’on remarque que l’un des adolescents semble plus intéressé par un homme se douchant sur une terrasse voisine…
C’est un convaincant cri pour la tolérance et la liberté d’être soi que pousse Damià Serra Cauchetiez, jeune réalisateur originaire de Gérone, en Catalogne. À travers ce film d’école réalisé dans les murs de l’Escac, l’une des principales écoles de cinéma de sa région, il explore, sous un éclatant soleil méditerranéen, les méandres des sensations adolescentes, parfois inattendues, sinon bouleversantes. Ainsi, le jeune héros du film se rend compte que son regard a été capté par une nudité masculine plutôt que par les courbes féminines que ses copains reluquent de la terrasse d’un toit : lui faut-il cacher ce trouble, faute pour l’heure de pouvoir assumer sa signification ?
L’écriture et la mise en scène, à la fois frontale et léchée, restitue à merveille la violence de ce qui se joue, avec ces rivalités impitoyables entre adolescents, en premier lieu ce caïd boutonneux aussi rude dans l’attitude que binaire dans la pensée. Au-delà des bravades, ne pas se soumettre à la loi du plus fort sera la voie empruntée par le jeune Adrián, heureusement décidé à ne pas trahir cette identité profonde qu’il a soudainement découverte.
ScénarioMiguel Casanova, Damià Serra Cauchetiez MusiqueKevin Smither Interprétation Nil Cardoner, Roger Princep, Biel Estivill, Pol Hinojosa, Arnau Aizipitarte