Mémorable et The People Who Never Stop, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 26 avril au 2 mai 2023.
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Mémorable, de Bruno Collet, devant les projections de Quand tu seras grand
Depuis peu, Louis, artiste peintre, et sa femme Michelle vivent d’étranges événements. L’univers qui les entoure semble en mutation. Lentement, les meubles, les objets, des personnes perdent de leur réalisme. Ils se déstructurent, parfois se délitent…
Ce tour de force formel en stop motion, signé du réalisateur prolifique Bruno Collet, a notamment reçu le Cristal du meilleur court métrage au Festival international du film d’animation d’Annecy 2019, et le prix du public au Festival de Clermont-Ferrand 2020, avant de décrocher une nomination à l’Oscar du meilleur court métrage d’animation également en 2020.
Louis, le protagoniste vieillissant et atteint de la maladie d’Alzheimer de nos jours, se croit, à un moment du récit, vivre en 1965. Une de ses visions nocturnes se transforme en tableau postimpressionniste de Van Gogh, La nuit étoilée. Sa perte de mémoire est traduite à l’image par la dématérialisation progressive des décors, objets, visages, corps, jusqu’à sa compagne, Michelle, qui finit par s’évaporer en particules, telles des gouttelettes de peinture.
Selon les chiffres officiels en France, 900 000 personnes sont actuellement atteintes de la maladie d’Alzheimer, 200 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, et femmes et hommes représentent respectivement 60% et 40% des malades. La démence toucherait cinquante millions d’être humains sur la planète.
Scénario Bruno Collet Musique Martin Nicolas Interprétation Dominique Reymond, André Wilms Production Vivement lundi !
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The People Who Never Stop, de Florian Piento, devant les projections de Hokusaï et Les complices
L’histoire d’une foule qui ne s’arrête jamais, pour le meilleur comme pour le pire.
C’est à l’ordinateur en 3D que Florian Piento a créé cette courte aventure animée. Une chronique d’observation et de recréation du comportement social de masse, à travers la marche sans fin de lignes humaines comme autant de courants infinis. Rien ne semble pouvoir stopper cette fluidité mécanique, dans les deux sens opposés de sa circulation. Comme une immuable fatalité.
Telles des figurines aux allures de poupées programmées, les personnages avancent sans relâche, citoyens lambda, quel que soit leur profil. La foule fait face, avec un flegme inflexible, aux malaises, aux bizarreries, aux incursions obliques, aux catastrophes naturelles. Le miroir de la discipline extrême de la société japonaise est flagrant, mais la parabole universelle n’est pas loin non plus.
Heureusement, la poésie trouve sa place, avec l’arrivée des pétales de fleurs, chers à l’esprit nippon. La nature légère et colorée dérègle enfin la machinerie. Les regards se lèvent et la respiration trouve droit de cité. Si l’adage dit que la musique adoucit les mœurs, ici présente au son avec une mélodie japonisante, il se double d’un espoir possible, malgré l’uniformisation déshumanisante. Moralité : rien n’est jamais joué !
Musique Takai Isamu, Tadashi Kitagawa Production Autour de minuit