Acoustic Kitty et Blessure, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 24 au 30 juin 2020.
- Acoustic Kitty, de Ron Dyens, devant les projections de L’ombre de Staline
Washington, dans les années 1950, les américains décident de surveiller l’ambassade russe à l’aide d’un chat espion truffé de micros. Encore faut-il pouvoir faire entrer tout ce matériel dans le corps de l’animal… Basé sur des faits réels.
Ron Dyens n’est pas seulement l’un des principaux producteurs de courts métrages d’animation dans l’Hexagone, passé de surcroît au long métrage avec Tout en haut du monde de Rémi Chayé, qui sortit en salles en janvier 2016. C’est aussi un réalisateur ayant signé sept films courts de fiction, expérimentaux ou d’animation, comme cet Acoustic Kitty au beau graphisme traditionnel, qui s’appuie sur des aplats de couleur sans traits de contours évoquant les productions de Disney ou de Hannah-Barbera – il y a pire référence(s) !
Un certain cachet “yankee” enrobe d’ailleurs le projet dans son ensemble, puisque ses dialogues sont en anglais tandis que l’intrigue s’enracine durant la Guerre froide et sous la mandature d’un président que l’on assimilerait volontiers à “Jack” Kennedy… Il est question d’espionnage, et plus spécialement d’agents aux pattes de velours, puisqu’il est projeté d’envoyer un félin, muni d’un micro intégré, chez les ennemis russes. L’aventure est haletante, en plus d’être souvent drôle et enlevée, bénéficiant en outre d’un travail soigné de la bande-son, ce qui n’étonnera nullement de la part d’un créateur bien entendu rôdé à tous les aspects de la production animée.
Production Sacrebleu Productions Scénario Ron Dyens Musique Arnaud Alyvan Interprétation David Gasman, Jonathan Waite, Nathaniel Symes, Trevor Boot, Chantal Richard
- Blessure, de Léo Bigiaoui, devant les projections de Un Fils et La bonne épouse
Le film d’une passagère de métro à la veille de Noël. Le film que vous avez peut-être déjà vécu.
Version à peine allongée de Je suis une blessure, film de deux minutes vingt ayant remporté le Grand prix du jury (qui était présidé par la réalisatrice et comédienne Emmanuelle Bercot), ainsi que celui du meilleur son au Nikon Film Festival 2018, ce court métrage s’inscrit dans la psyché même du Paris post-attentats. L’eau de la Seine a beau avoir coulé depuis l’indicible horreur de 2015, chacun peut à tout moment en voir resurgir le spectre, sans prévenir et en faisant monter l’angoisse en quelques secondes, sur la base d’un simple détail, dans la rue ou les transports en commun.
Durant un banal trajet en métro, une passagère est ainsi saisie d’une terreur –communicative d’un côté de l’écran à l’autre – en soupçonnant brutalement un passager porteur d’un paquet emballé de papier cadeau – Noël est imminent, nous apprend le synopsis du film – qui pourrait dissimuler de sombres desseins… La dramatisation asphyxiante des médias “mainstream” ayant conditionné de paranoïa nos esprits, même à notre insu, Blessure en dit beaucoup sur l’époque, pas forcément très glorieuse entre tentation de s’abaisser au délit de faciès et but ultime de simplement sauver sa peau.
Production Frenzy Studios Scénario Antonin Archer, Léo Bigiaoui Interprétation Marie Desgranges, Dali Benssalah, Abdel Chouffri, Fahmi Guerbâa, Loris Sasso