Feu croisé et Mémorable, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 22 au 28 septembre 2021.
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Feu croisé, de Ekin Koca, devant les projections de Notturno et Blue Bayou
Comme tous les jours Mahmut, un vieux berger kurde, sort paître son troupeau de chèvre dans les montagnes de Qandil. Malgré la vie tranquille qu’il mène il n’échappe pas au conflit qui oppose la guérilla indépendantiste aux forces armées turques.
Cette découverte nous arrive de l’École des métiers du cinéma d’animation, alias l’EMCA, à Angoulême. Un travail précis élaboré sur ordinateur pour créer des images en deux dimensions. Une savante articulation d’angles, aussi, qui nourrit la mise en scène, alternant des vues de face et des constructions en plongée, pour mieux rendre compte du terrain en jeu dans l’action.
Appartenant au massif des Zagros, les monts Qandil constituent le décor naturel et unique du film. Ils sont situés sur le territoire du Kurdistan, à cheval entre l’Irak, l’Iran et la Turquie, ici à l’image, et enjeu géopolitique majeur de cette zone. Un vieux berger kurde tente avec son troupeau de chèvres de dépasser le conflit avec les Turcs, mais le réel le rattrape, depuis ces militaires sur les dents jusqu’à ces mines disséminées et menaçantes.
Le jeune réalisateur livre ainsi une œuvre éminemment politique, tout en racontant une histoire simple et universelle, via les techniques du cinéma d’animation. Le parcours de cet homme vieillissant et solitaire devient, par son martyre anonyme, une ode à la liberté, et un chant d’amour à sa terre ancestrale, muselée.
Scénario Ekin Koca Production EMCAEcoledesMetiersduCinemadAnimation
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Mémorable, de Bruno Collet devant les projections de Tout s’est bien passé
Depuis peu, Louis, artiste peintre, et sa femme Michelle vivent d’étranges événements. L’univers qui les entoure semble en mutation. Lentement, les meubles, les objets, des personnes perdent de leur réalisme. Ils se déstructurent, parfois se délitent…
Ce tour de force formel en stop motion, signé du réalisateur prolifique Bruno Collet, a notamment reçu le Cristal du meilleur court métrage au Festival international du film d’animation d’Annecy 2019, et le prix du public au Festival de Clermont-Ferrand 2020, avant de décrocher une nomination à l’Oscar du meilleur court métrage d’animation également en 2020.
Louis, le protagoniste vieillissant et atteint de la maladie d’Alzheimer de nos jours, se croit, à un moment du récit, vivre en 1965. Une de ses visions nocturnes se transforme en tableau postimpressionniste de Van Gogh, La nuit étoilée. Sa perte de mémoire est traduite à l’image par la dématérialisation progressive des décors, objets, visages, corps, jusqu’à sa compagne, Michelle, qui finit par s’évaporer en particules, telles des gouttelettes de peinture.
Selon les chiffres officiels en France, 900 000 personnes sont actuellement atteintes de la maladie d’Alzheimer, 200 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, et femmes et hommes représentent respectivement 60% et 40% des malades. La démence toucherait cinquante millions d’être humains sur la planète.
Scénario Bruno Collet Musique Martin Nicolas Interprétation Dominique Reymond, André Wilms Production Vivementlundi