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21/02/2024 - Court-métrage

Du 21 au 27 février

Le jouet et Sommeil de plomb, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 21 au 27 février 2024.

 Une petite fille s’ennuie au supermarché avec sa mère. Elle aperçoit une épée dans un des rayons et se précipite pour l’attraper. Le monde autour d’elle se modifie alors qu’elle plonge dans un rêve éveillé.

Dans Le jouet, Noémie Cathala-Vergnaud décrit un monde de diktats et d’injonctions sur le genre, où une fillette réclame sa liberté de choix. En effet, l’objet de son dévolu n’est autre qu’une épée dorée, au beau milieu d’un supermarché. Tel Excalibur, le glaive irradie en plein rayon et aimante le regard de la gamine, qui trouve instantanément son Graal sacré parmi les innombrables produits vus de son caddie.

L’animation permet à la réalisatrice de jouer du noir et blanc et de la couleur. Elle peut ainsi opposer l’ordinaire et l’extra-ordinaire, le quotidien et l’inattendu, le réalisme et le fantastique. Une fois que l’héroïne a empoigné son trophée lamé, elle peut gagner un monde merveilleux, où elle affronte le danger, et terrasse un dragon face à un petit garçon apeuré. Les codes sont bouleversés.

Même avec une robe rose, une fille peut se battre et avoir envie d’une arme à jouer. La revendication guide cette fantaisie très courte, de deux minutes trente, où le rappel à l’ordre parental tombe comme un couperet : “C’est un jouet de garçon ! Repose ça tout de suite, on s’en va !” Mais la donzelle n’a pas dit son dernier mot. C’est la revanche d’une brune qui sommeille !

Scénario Noémie Cathala-Vergnaud Musique Emmanuel De Gouvello


  • Sommeil de plomb, de Edgar Merland, devant les projections de Une vie

L’esprit d’un soldat tente d’échapper au champ de bataille pour se refugier dans une foret calme, mais la réalité de la guerre le ramène avec violence sur le front. Le soldat évolue ensuite entre ces deux mondes jusqu’à l’abandon.

La Première Guerre mondiale, la “Grande guerre”, celle des tranchées et des gueules cassées du segment temporel 1914-1918, continue d’inspirer nombre de fictions. La preuve avec ce court métrage d’animation intense. Trois minutes et trente secondes d’immersion dans le parcours muet d’un soldat inconnu. Une traversée de l’effroi, de l’horreur, du chaos.

Le dessin en noir et blanc, créé par ordinateur, dans le format classique en deux dimensions, reconstitue l’univers du champ de bataille. C’est la désolation et la course à travers les tirs, vers l’inconnu. L’état sauvage ambiant est renforcé par le travail savant sur la bande sonore. La déréalisation et la perte de repères priment, jusqu’à la bulle finale, entre canopée, vue sur le ciel et moment suspendu.

C’est là que le réalisateur Edgar Merland choisit de faire se rejoindre son film et le poème phare d’Arthur Rimbaud. Son soldat est tombé. Filmé en plongée, il gît tel le Dormeur du val. “Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.” Le calme après la tempête, la mort après la survie, le repos éternel après la boucherie. Et le titre du film, dont le double sens résonne fort : Sommeil de plomb.

Scénario Edgar Merland Musique Etienne Jamond Production Ecole Emile Cohl

L’Extra Court