La nuit blanche et Spider, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 20 au 26 mars 2024.
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La nuit blanche, de Audrey Delepoulle, devant les projections de Juha et La jeune fille et les paysans
La “nuit blanche” : Beth, une arboricultrice courageuse, et ses collègues passent une nuit épuisante au cœur de la campagne à tenter de sauver coûte que coûte leurs vergers du gel destructeur annoncé le matin même.
Avec La nuit blanche, Audrey Delepoulle crée un envoûtant suspense en dessin sur papier, dans le cadre de ses études à l’École Émile-Cohl de Lyon. Il y est question de météorologie, de dérèglement climatique et de gel violent qui menace de débarquer. Les agriculteurs d’une vallée d’arbres fruitiers veillent, au rythme des bulletins radio et de la tension nocturne, palpable.
Les images jouent de l’effet mousseux de l’hiver glacé. Le travail est précis et poétique à la fois, sur le glissement dans la nuit, dans l’attente, dans la peur, avec la potentielle arrivée d’une nappe de froid envahissant l’espace et recouvrant la zone agricole. La réalisatrice filme la vague ouatée comme une avalanche lente et inexorable. Et les humains tentent, avec des points de feu, de contenir le gel.
Il y a de la délicatesse dans le traitement de la narration, la réalisatrice jouant de la finesse d’observation et de reconstitution. La fatalité du climat est mise en scène comme dans un film d’angoisse. Mais la noirceur n’est pas totale. Un bourgeon pointe sa verdeur et ses pétales au bout du récit. Tout n’est pas joué. Tout n’est pas détruit. La nature végétale reprend ses droits et résiste, telle un roseau sauvage.
Musique Ali Hassan Interprétation Antoine De Boutray, Amandine Ouillion Production Ecole Emile Cohl
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Spider, de Nash Edgerton, devant les projections de Hors-saison, Bis repetita et Dans la peau de Blanche Houellebecq
Un jeune homme tente d’arranger les choses après une dispute avec sa petite amie.
Pirouette atrocement fatale que ce court métrage signé de l’acteur et réalisateur australien Nash Edgerton. Il s’agit du premier volet d’une série courte comprenant également Bear et Shark. L’auteur y filme l’absurdité humaine et la bêtise d’un homme, Jack, qui veut chaque fois faire une surprise à sa compagne. Mais à quel prix ! Ici, le récit débute après une dispute, que l’homme tente de régler pour se faire pardonner.
Nash Edgerton, frère de l’illustre comédien Joel Edgerton, qui apparaît ici en infirmier, incarne chaque fois son propre héros, éternel adolescent dans son rapport amoureux. Avec entièreté dans ses actes, le gars enchaîne les bourdes tout en voulant réparer les dégâts. Une sorte de Pierre Richard dans un univers mordant et cruel. Et chaque fois un animal fait le lien provoquant vers la fatalité.
Le cinéaste enchaîne depuis bientôt trente ans la réalisation de courts métrages de fiction, entrecoupés de deux longs métrages, de clips vidéo et d’épisodes de série télévisées. Son goût pour les récits fatals s’y prononce. Ce Spider datant d’il y a quinze ans en est un exemple saillant. Simplicité de récit, limpidité de personnage, et atrocité ironique de la résolution. Du cinéma extrême, aux antipodes de l’Europe.
Scénario Nash Edgerton, Nash Edgerton, David Michôd Musique Ben Lee Interprétation Nash Edgerton, Bruno Xavier, Jill Mirrah Foulkes, David Michôd, Chum Ehelepola Production Blue-Tongue Films