Le réveillon des Babouchkas, Cœur fondant et Sous la glace, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 20 au 26 décembre 2023.
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Le réveillon des Babouchkas, de Natalia Mirzoyan, devant les projections de La fille de son père et Wonka
Maschunya reste à contre-coeur chez sa grand-mère pour fêter le réveillon. La soirée prend vite une autre tournure quand arrivent les invitées…
Petit délice que ces huit minutes d’animation signées Natalia Mirzoyan. Ambiance russe en ces fêtes de fin d’année, où la ville agitée scintille de décorations et d’excitation. La petite héroïne passe de l’ennui à l’émerveillement, et de l’énergie à l’épuisement. C’est une belle aventure de joie familiale transgénérationnelle. La fillette aurait préféré rester avec ses parents. Mais, au final, elle s’amuse !
La figure de la grand-mère russe, la fameuse babouchka, rayonne de malice. Car l’aïeule vieillissante a toujours plus d’un tour dans son sac, plus d’une saveur dans sa cuisine, et plus d’une amie dans son entourage. Les vieilles dames indignes débarquent en effet, et finissent à cinq autour de la table, après avoir festoyé dignement, non sans avoir épuisé la gamine.
Beaucoup d’irrévérence dans cette symphonie de couleurs chatoyantes, que Natalia Mirzoyan déploie dans son foisonnement de détails, accessoires et multiples mets culinaires. Le nouvel an est l’occasion de défier le temps, les difficultés, le fatalisme, dans un moment suspendu et festif, et de déjouer aussi le déterminisme. On peut être vieille et faire la teuf !
Production SoyuzMultFilm
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Cœur fondant, de Benoît Chieux, devant les projections de Sirocco et le royaume des courants d’air
Pour partager son « cœur fondant » au chocolat avec son ami, Anna doit traverser une forêt glaciale. Cette forêt est hantée par un nouvel habitant, un effrayant géant barbu. Tous les animaux qui le croisent, disparaissent et, évidemment, le chemin de la taupe croise celui du géant… mais l’immense barbe est bien plus chaleureuse qu’on ne pourrait le croire.
Le titre du film évoque déjà une saveur, celle du gâteau au chocolat. Mais il décrit aussi la générosité totale de sa petite héroïne. Anna la taupe est prête à tout braver, du moment qu’elle arrive à atteindre son but : porter son dessert confectionné avec amour à son ami lapin, isolé à l’autre bout de la forêt. C’est donc l’histoire d’une quête, d’une traversée, d’une épopée.
Cette merveille d’animation est signée par le talentueux Benoît Chieux, dont on verra bientôt en salle le second long métrage après Tante Hilda, coréalisé avec Jacques-Rémy Girerd en 2014 : Sirocco ou le royaume des courants d’air. Le talent de confection et d’illustration des décors forestiers et des créatures s’épanouit tout au long du film. Les matériaux et textures créent un court sensoriel que l’on a presque envie de toucher, pour sentir la laine, le velours, le coton.
Le cinéaste revisite le conte classique, du Petit chaperon rouge au Chat botté, pour raconter comment on dépasse sa peur dans un récit initiatique au milieu des bois. Le motif du géant impressionnant s’avère réjouissant. Quant à la création du bestiaire forestier, elle débouche sur une délicieuse cohabitation en mouvement. Ce road-movie chante la solidarité, la malice et la générosité.
Scénario Benoît Chieux Musique Pablo Pico Interprétation Maryne Bertieaux, Gabriel le Doze, Bruno Magne Production Sacrebleu Productions
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Sous la glace, de Milan Baulard, Ismaïl Berrahma et Flore Dupont, devant les projections de Les colons et Perfect days
Sur un lac, un héron pêche alors que l’hiver s’installe.
Voici une nouvelle découverte tout droit sortie de l’école des nouvelles images d’Avignon. C’est cette fois un sextette qui est aux commandes, avec Milan Baulard, Ismaïl Berrahma, Flore Dupont, Laurie Estampes, Quentin Nory et Hugo Potin. Les merveilles techniques et artistiques de ces six minutes animées ont notamment mené le groupe au prestigieux Festival d’Annecy en 2020.
Sans paroles, le film se concentre sur les facéties d’un héron en quête de victuailles, au gré des saisons. Sa nourriture se résumant ici au poisson, ses proies se trouvent donc dans l’eau. Chose facile en saison chaude et tempérée, mais ardue en période de gel. L’oiseau affamé en devient obsessionnel, dans sa course au butin alimentaire virevoltant de nage libre sous la surface congelée.
L’humour fait rage dans cette somptueuse recréation de la nature. Le volatile incarne tous les héros drolatiques, rivalisant de malice pour parvenir à leur fin, et bientôt pris au piège de leur lubie. Végétation, ciels, flots, tout est croqué avec soin et précision. Le traitement des couleurs et des teintes est digne de tableaux picturaux, de la chute des feuilles aux profondeurs gelées.
Scénario Milan Baulard, Flore Dupont, Laurie Estampes Production Ecole des Nouvelles Images