Supermarket et Carousel, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 1er au 7 septembre 2021.
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Supermarket, de Pierre Dugowson, devant les projections de Chers camarades ! et De bas étage
Une petite fille de sept ans réclame des biscuits à sa mère fauchée. Prenant son courage à deux mains, celle-ci se rend dans un supermarché de quartier dans le but d’y voler des biscuits. Un jeune homme l’en empêche. Pas par souci d’honnêteté, juste pour qu’elle ne se fasse pas prendre…
Tout part du “Maman, pourquoi y’a jamais de gâteaux ?” qu’une gamine de sept ans lance à sa mère et de la réponse de cette dernière : “Je vais en chercher”. Sauf que celle-ci est fauchée comme les blés. Ainsi naît l’intrigue, qui pourrait glisser vers une chronique de la paupérisation galopante dans les sociétés les plus riches. Mais le réalisateur opte pour une autre approche, surprenante, décalée, savoureuse.
Supermarket porte bien son titre, puisque le supermarché du coin sert de décor à cette comédie sur la débrouille et l’art du système D porté à son pinacle : le vol. Les rayons du magasin, l’agencement des caméras de surveillance et leurs angles morts constituent l’architecture idéale du repaire d’un maître en chapardage. Il va pouvoir y mener des ateliers de formation, et va même devoir refuser du monde !
Également réalisateur de clips vidéo (pour Dunndotta ou Louis-Ronan Choisy), Pierre Dugowson continue d’explorer les vicissitudes du monde, à travers ses courts métrages proches du quotidien, mais toujours avec une vision cocasse et humaniste. Le vol est ainsi au cœur de son Stuck Option, avec aussi Théo Cholbi, autour d’un jeune duo bien embêté quand il faut partager son butin, à savoir… un smartphone !
Scénario Pierre Dugowson Interprétation Géraldine Martineau, Caroline Proust, Emilie Caen, Pierre Berriau Production Cosmonaut391
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Carousel, de Kal Weber devant les projections de Un triomphe
Un homme transmet sa sagesse à une adolescente, avec des résultats inattendus.
Présenté en 2016 dans la section “Génération” du festival de Berlin, Carousel est réalisé par un acteur canadien s’étant dirigé vers l’écriture et la réalisation. Il s’appuie sur un dispositif des plus simples : deux personnages face à face dans une rue anonyme, cadrés en plan rapprochés. D’abord le plus âgé des deux, qui se lance dans une tirade au langage châtié, entreprenant visiblement de livrer à son interlocutrice, une jeune fille métisse, des enseignements pour la vie, qui l’aideront sans doute, pense-t-il…
La narration bascule alors qu’il lui demande de répéter ce qu’il a dit, requête absurde – croit-il même que cela soit possible ? – mais qui débouche sur un surprenant effet-miroir, la jeune fille se lançant à son tour dans le monologue et, avec sa propre diction et des intonations différentes, tire les larmes de son aîné, supposé plus expérimenté et aux allures de dur à cuire… Après quoi c’est le spectateur lui-même qui sera, par la grâce d’un regard-caméra désarmant, interpellé. Le film est aussi séduisant qu’énigmatique, métaphore de la transmission, du métier d’acteur ou même d’un lien familial, puisque c’est l’un des comédiens écossais du cultissime Trainspotting, Ewen Bremner, qui donne la réplique à sa propre fille de dix-sept ans.
Scénario Kal Weber Interprétation Ewen Bremmer, Rose Bremmer, Harmony Production Parlour Films Ltd