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Publié le 17/11/2021 - Court-métrage

Du 17 au 23 novembre

Silence et Un Bug, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 17 au 23 novembre 2021.

  • Silence, de Emma Carré, devant les projections de On est fait pour s’entendre et Compartiment n°6

Un soir enneigé, Fred, trentenaire fatigué, rencontre un étrange individu.

Emma Carré a imaginé, réalisé et animé cette emballante courte aventure. Le portrait d’un homme décalé, qui voit soudain apparaître une créature invisible des autres. Une sorte de grand bonhomme de neige, double muet en forme de bibendum blanc, qui prend le pas sur les pensées du héros, coincé entre lien social et isolement profond, comme une surdité handicapante.

Le trait est simple et direct. Le dessin sur papier séduit par son enchaînement de tableaux en intérieur comme en extérieur. On suit Fred chez lui, dans son appartement, dans son immeuble, dans la rue, dans les transports et sur son lieu de travail. C’est une véritable chronique du métro-boulot-dodo, contrebalancée par l’intériorité du personnage, que le film matérialise par les événements et interactions.

Le travail sur le son est d’une précision inouïe. La difficulté existentielle du protagoniste passe par les moments de clarté sonore, autant que par ceux de distanciation dans la perception des bruits. Le tout augmenté par la neige omniprésente, et ses nappes blanches, dont l’immensité immaculée va finir par engloutir le “monstre”. La perte de repères fait son œuvre, mais elle est toujours secondée par des bouées relationnelles, dont une voisine violoniste aux cheveux violets.

Interprétation Gaïdic Mercier Production La Poudrière


  • Un Bug, de Guillaume Courty devant les projections de Les magnétiques et Une vie démente

Victime d’un bug informatique, un chauffeur de taxi tente désespérément de se faire entendre auprès de l’administration pour récupérer son permis.

En quatre minutes de champs/contrechamps, Guillaume Courty raconte l’enfer kafkaïen de certains chemins administratifs. Un homme, une femme. Un chauffeur de taxi privé de son permis de conduire, une employée de la préfecture effectuant sa tâche professionnelle. Une personne empêchée de faire son travail, une autre en train d’effectuer le sien. Un face-à-face implacable, où la froideur exécutive affronte la quête d’humanité.

Le réalisateur joue la carte du réalisme, dans une simplicité de dispositif, avec le décor central d’un bureau. Il distille rapidement un glissement vers le suspense, avec une montée de la tension dans les dialogues, le ton, le rythme et les gestes. Le thriller social émerge, faisant apparaître les personnages comme des victimes d’un système broyant les êtres humains, avec un “switch” narratif et un quiproquo fatal.

À l’image du cinéma engagé d’un Ken Loach ou d’un Stéphane Brizé, l’auteur se sert de la fiction et des outils filmiques pour témoigner du monde. Il choisit de jouer de la mise en abyme. Le mépris et la méprise sont donc imbriqués pour mieux révéler l’absurdité tragique. Le titre renvoie au moment du déraillement qui débouchera sur le pétage de plomb définitif.

Scénario Guillaume Courty Production Mondayman Productions

L’Extra Court