Le consentement et 12h20, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 14 au 20 septembre 2022.
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Le consentement, de Emmanuel Mouret, devant les projections de Chronique d’une liaison passagère
Au XVIIIe siècle, un homme de la noblesse demande à une jeune fille de la bourgeoisie la possibilité de lui offrir un baiser des plus doux. Celle-ci va alors lui démontrer que les femmes ne succombent pas aisément à ce genre de demande…
Juste après avoir adapté Diderot pour Mademoiselle de Joncquières, Emmanuel Mouret a retrouvé le XVIIIe siècle – et, cette fois, le format court – pour cette variation en costumes sur le consentement. Un grand écart historique avec l’ère contemporaine, mais pour mieux mettre en relief la parole, l’acte et le témoignage, alors que le mouvement #MeToo a pris de l’ampleur avec l’affaire Weinstein à l’automne 2017.
Le cinéaste cisèle ses dialogues et sa conversation entre une femme et un homme. L’échange passe de la discussion à l’affrontement, et du jeu à l’aveu. Tout n’est que finesse et art de la mise en valeur par les mots et l’art de la prose. De film en film, Mouret précise son écriture. Les mouvements du cœur et de l’âme ont ensuite connu de nouveaux échos dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait et Chronique d’une liaison passagère.
La mise en scène brille par sa vivacité et sa fluidité. Construit en trois temps, le récit passe de l’intérieur à l’extérieur, puis à nouveau à l’intérieur. L’auteur reste fidèle à sa ville de naissance, Marseille, en ayant tourné les intérieurs au Château Pastré, et les extérieurs dans le Parc national des Calanques, mais sans filmer la mer. Des décors idéaux pour accueillir le jeu enlevé de Rebecca Marder et Olivier Chantreau.
Scénario Emmanuel Mouret Interprétation Olivier Chantreau, David Faivre, Rebecca Marder Production Belavox
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12h20, de Gabriel Kaluszynski, devant les projections de Coup de théâtre
Geo, trentenaire dynamique, rentre chez lui après sa séance de sport. Le jeune homme découvre sur la porte du frigo un post-it où est écrit à l’encre noire : A 12H20, tu vas mourir. Tout à coup, un bruit sourd provenant du premier étage le surprend. Geo, armé d’un couteau de cuisine, décide d’aller voir d’où provient ce bruit.
Attention, frissons et chute implacable sont au menu de ce court métrage français récent. Gabriel Kaluszynski signe ainsi un film engagé, dénonçant avec une efficacité sans appel un fait de société et comportemental insupportable, qui débouche sur des statistiques toujours effrayantes. La bonne idée de ce geste artistique est de passer par un biais de fiction revendiqué, et non une véracité documentaire ou journalistique.
Le cinéma de genre est donc à l’honneur de cette aventure domestique en huis clos et en plein jour. L’intrigue avance sans crier gare, sans effets spéciaux et sans vedettes. Un minimalisme ambiant dont l’efficacité narrative ne ressort que plus fortement. Une maison, un four à micro-ondes, une bière, une horloge, un message sur un post-it, un son à l’étage, une fenêtre… Autant d’élément concrets et quotidiens, distillant une tension grandissante.
La caméra commence par filmer des lieux désertés, via un balayage visuel des pièces et des accessoires qui racontent une vie (une famille, avec un ou des enfants). Ce n’est qu’ensuite que le premier personnage entre en scène et pénètre au centre de l’action. La musique scande ses notes et rythmiques qui, ajoutées aux sons ambiants, conditionnent le public dans un état de réceptivité optimale. On approche de 12h20…