Le journal des trésors et Una furtiva lagrima, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 14 au 20 février 2024.
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Le journal des trésors, de Robin Barrière, devant les projections de Vivants
Un petit garçon de 5 ans déjeune avec son père devant le journal TV. Ou quand le gris du quotidien est moins coloré que l’imagination d’un enfant…
Le monde vu par les enfants est toujours palpitant. D’où le titre de ce court, dérivé du journal de 13h, dans le cadre de l’appel à projet du Nikon Film Festival 2023, qui était dédié, pour sa treizième édition, au nombre 13 ! C’est donc l’actualité revue par les nouvelles télévisées, à l’heure du déjeuner, qui résonnent chez un petit garçon de cinq ans, juste avant son retour à l’école.
L’impact du commentaire audio et des sujets de reportages à l’approche de Noël donnent lieu à un compte-rendu très personnel. Les files indiennes deviennent des filles indiennes, le pouvoir d’achat devient le pouvoir des chats, et la hausse du prix du pétrole menace la bonne tenue de Noël, à quelques jours des fêtes de fin d’année. Mais le bon sens enfantin l’emporte. Qu’importe les ombres, Noël aura lieu, puisque les enfants le veulent.
Le réalisateur Robin Barrière joue la carte de la simplicité. Deux plans intérieurs au domicile, un autre sur le chemin de l’école, et un champ/contre-champ alterné dans la cour de l’établissement. Mais l’imaginaire enrichit l’aventure, avec la mise en scène de figurines en papier animées traduisant l’interprétation poétique du gamin. L’actualité devient une véritable épopée, que la magie de Noël transcende vers une joie retrouvée.
Scénario Robin Barrière Musique Will Van de Crommert Interprétation Régis Lux, Nathan Pépin Sharma, Lola Robin Production HappyGrumble Productions
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Una furtiva lagrima, de Carlo Vogele, devant les projections de Le Molière imaginaire et Bob Marley, One Love
Ultime voyage d’un poisson qui chante son propre requiem, depuis la vente à la poissonnerie jusque dans la poêle à frire.
Ah, la voix de Caruso ! Le plus grand chanteur d’opéra de tous les temps, Enrico Caruso (1873-1921), est la voix d’or de ce court métrage savoureux. Le ténor napolitain honore en effet la bande son de son interprétation du fameux air de la romance éponyme Una furtiva lagrima (soit “une larme furtive”), extraite de L’élixir d’amour de Gaetano Donizetti, créé à Milan en 1832 et qui est le centre sonore du film.
Natif du Luxembourg, le réalisateur Carlo Vogele est passionné par le théâtre, la musique baroque, la mythologie grecque (il est également l’auteur du long métrage Icare, sorti cette année) et… la gastronomie !
Il a toujours vénéré l’animation en stop motion, depuis ses études à Berlin et à Paris, et met à profit ses goûts dans cette aventure mélancolique de trois minutes, où le grand air classique accompagne le chant du cygne d’un poisson, au sens propre comme au sens figuré.
De l’étal du poissonnier à la poêle à frire, en passant par la balance, le sac de course, le frigo et la planche à découper, la caméra suit en gros plan, et par un savant montage un spécimen aquatique, chantant en play-back la mélodie opératique. À noter que toutes les créatures à l’image proviennent du Tokyo Fish Market de Berkeley, en Californie, et que l’image joue l’effet carte postale, avec son charmant format rectangulaire aux coins arrondis.
Scénario Carlo Vogele Musique Enrico Caruso