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Publié le 12/08/2020 - Court-métrage

Du 12 au 18 août

Ama et Champagne, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 12 au 18 août 2020.

 

  • Ama, de Emilie Almeida, Liang Huang et Kemari Mansoureh, devant les projections de The Perfect Candidate

Au Japon dans les années 50, une jeune américaine visite un village avec son mari militaire et un groupe d’amis. Prise d’admiration pour le paysage, elle se détache du groupe, elle fait la connaissance de Namiko, une jeune pêcheuse “ama”.

Le titre de ce film d’animation issu de la promotion 2015 de la très performante école des Gobelins renvoie à ces femmes plongeuses, emblématiques de l’archipel nippon, descendant nues et en apnée dans les fonds marins afin d’y pêcher algues, ormeaux ou huîtres perlières. En voie de raréfaction aujourd’hui, elles étaient encore 70 000 dans les années 1950, au moment où prend place l’action du film.

L’époque n’est pas anodine, moins de dix ans après la défaite du Japon impérial suite aux lâchers de bombes atomiques par les États-Unis. Et c’est justement une Américaine, épouse d’un soldat que l’on suppose appartenir à des forces d’occupation, qui est l’héroïne de l’épisode, une rencontre avec une jeune “ama” qui apparaît immédiatement en contraste absolu avec sa propre image. Son agilité et sa nudité tranchent avec la pudique réserve de l’Occidentale, qui en est d’abord presque gênée, mais imagine se laisser elle-aussi aller au plaisir de se dévêtir et s’immerger dans les vagues. La superbe animation concoctée, mêlant à l’esthétique traditionnelle du dessin animé la modernité d’un rendu digital 2D, apporte une évanescente poésie à cette tranche de vie où un hasard prend valeur de révélation et d’éveil individuel.

Scénario Emilie Almeida, Liang Huang, Kemari Mansoureh Musique Julien Giraudet Interprétation Julien Giraudet Production Gobelins, l’école de l’image


  • Champagne, de Coralie Lavergne, devant les projections de Voir le jour

Jeanne a 30 ans, parisienne active. Sa gynécologue vient de recevoir les analyses de la tumeur repérée dans son sein droit. Ce qui semble être une bonne nouvelle pour l’une est perçu très différemment pour l’autre.

Le titre de cette première réalisation de Coralie Lavergne, qui l’interprète également, joue d’un second degré amer. L’expression “Champagne !” s’applique en effet aux situations joyeuses et aux surprises positives. Or le film repose sur l’annonce et la confirmation à une jeune femme d’une lésion à caractère cancéreux. Et l’alcool fait aussi référence à la bouteille que la mère lui dira avoir mise au frais afin de fêter cette bonne nouvelle que sa fille lui annonce par mensonge volontaire, afin de dissimuler la vérité de l’intervention à venir.

Comme dit la gynécologue à sa patiente, “Quand il faut opérer, on n’a pas le choix”, dans un pays où le cancer du sein a toujours un fort impact et touche une femme sur huit malgré les nombreuses campagnes d’information, de dépistage et de lutte (voir le mouvement de sensibilisation baptisé “octobre rose”). Le film fait se croiser dans la salle d’attente la protagoniste, convoquée pour connaître les résultats de ses examens, et une autre jeune femme, pour son suivi de grossesse. Il y a vingt ans, la cinéaste Solveig Anspach réunissait dans le même personnage, incarné par Karin Viard, cette double ligne existentielle de l’attente d’un enfant et de l’annonce d’un cancer du sein. C’était pour le long métrage Haut les cœurs !, dont le titre résonne sur la fin saisissante de ce court sélectionné au So Film Summercamp en 2019.

Interprétation Coralie Lavergne, Axelle Bossard, Camille Tissot

L’Extra Court