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Publié le 28/09/2022 - Musique

DOMINIQUE A – Le monde réel

Le monde réel, le dernier album de Dominique A est en écoute au Cinéma Atlantic du 28 septembre au 18 octobre 2022.

  • Pour son quatorzième disque, Dominique A nous fait prendre conscience de notre « Monde Réel » et brut. Entouré de quatre musiciens, l’auteur semble enfin s’accepter en tant que chanteur mais également comme poète en publiant dans le même temps son premier recueil de poèmes « Le Présent Impossible ».

Dix chansons composent ce nouvel album de Dominique A intitulé Le Monde réel. Du monde, il est question tout du long. C’est un disque qui veut embrasser l’univers, traverser montagnes, vallées, océans, glaciers, forêts, depuis la ville où tout est triste et carré. Le premier titre le dit, qui invite à descendre au “dernier appel de la forêt” je cite, comme à une gare sur le trajet d’un train qui va trop vite.

On sent ce nouvel opus très préoccupé de sujets ultra-contemporains, la crise écologique en premier lieu, un sujet plutôt inattendu quand on connaît les chansons de Dominique A, qui réussit à en faire un objet poétique puissant. Il y est question de l’angoisse devant l’apocalypse qui vient, du regret d’une nature qui n’existe plus, de prophéties accueillies au bord des piscines, de l’urgence pas comprise ou pas entendue. Un vers dit : “le temps parla de manquer”, très belle formule. Il y a de l’inquiétude et de la cruauté dans les textes, face au “désaccord des éléments” – c’est le titre de l’un des morceaux – qui décrit une sorte de fin du monde, de “l’eau retirée”, “des feux qui bataillent avec le vent”, images bien connues désormais.

En même temps, le disque n’est pas dénué d’humour… Un morceau, par exemple, fait la liste de roches qui « se foutent de nous », l’évaporite, l’obsidienne, la cornéenne etc., elles qui n’ont pas peur de mourir.

Le romantisme contre le déclin

Affleure dans les textes la volonté d’un grand élan d’apaisement et de réconciliation. On appelle par exemple au collectif dans un morceau qui dit sans candeur : “nous n’irons bien qu’avec les autres”. Il y a surtout, comme pour contrebalancer le déclin ambiant, une grande vitalité musicale dans le disque. L’ambition est symphonique – beaucoup de cordes, une attention singulière aux harmonies, et des mélodies faussement simples, qui prennent parfois des détours inattendus. Il y a du Debussy dans les arrangements, mais aussi des sonorités qui font penser à de la musique liturgique ancienne : de l’orgue, des accords de choral baroque.

Dominique A joue avec la posture romantique du poète perdu pour le “monde réel”, et qui le regarde depuis son lieu traditionnel de poète, l’orée de la forêt ou la cime des montagnes, mélancolique et en même temps plein d’espoir, celui d’atteindre un sentiment océanique que la musique parvient à créer – cette fameuse unité de soi et de son environnement. Le mot “monde” est partout, dans les titres des chansons, niché dans les paroles, c’est sa rondeur que Dominique A cherche. Le disque tourne, et parvient à remettre de la courbe dans le monde réel.

→ Pour découvrir tout le travail de Dominique A, c’est par ici !

France Culture