Tambour vision, le dernier album de Bertrand Belin est en écoute au Cinéma Atlantic du 29 mai au 18 juin 2024.
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Chanteur de la phrase en suspend, Belin le crooner équilibriste revient avec un nouvel album qui fait places aux synthétiseurs et aux boîtes à rythmes, et continue d’interroger « le travail » d’être vivant.
Sur la pochette de son 7ème album « Tambour Vision » il se tient au bord d’une corniche, et jette un œil au-dessus du vide. Dans un monde bancal, Bertrand Belin, dandy crooner, se déplace toujours sur le fil, entre littérature et chanson, entre surréalisme et hyperréalisme. Fils d’une famille de pêcheurs à Quiberon en Bretagne, Belin résume ainsi son enfance :
« Un théâtre de misère sociale, de violence et d’alcool »
Ça aussi c’est un capital dont la vie vous fait hériter… La question c’est : qu’est-ce qu’ont fait de ce rien financier et de ce poids social ? De ce « que dalle tout » pour reprendre le titre de la chanson que Bertrand Belin a sortie en éclaireur. Des figures locales restées figées, des superbes empêchés, il y en a dans le film « Tralala » des frères Larrieu où Belin joue lui-même un patron de guinguette qui n’a pas réussi à devenir musicien, et retrouve le sosie de son frère disparu vingt ans plutôt. Le film des frères Larrieu a un mantra « Ne soyez pas vous même » ça veut dire ne soyez pas celui que vous vous êtes convaincu que vous étiez. Cette version de vous-même qui vous limite. Après cette expérience filmique, Belin revient donc se surprendre en chansons.
Moins de guitares, plus de boîtes à rythme et de synthés. Avec ce « Tambour Vision », Belin change ses habitudes musicales. Ses textes en revanche continuent sur la même ligne. « Ouvre ton cœur clos, mauvais citoyen » chante-t-il sur le polysémique « Maître de luth ». Belin s’est fait le traducteur poétique des déséquilibres de la société. Avec cette façon toujours aussi habile de donner du sens dans la répétition. « National » est une chanson qui avance sans hésiter, comme une autoroute ! Mais qui dans la réitération de ce mot « national » soulève des interrogations. C’est tout le charme et la force de ce 7ème album de Bertrand Belin : stimuler les bifurcations, créer des itinéraires de pensées bis !