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Du 8 au 14 janvier - Court-métrage

Un court avant le long

Inn, A single Life et Lieux communs, trois courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 8 au 14 janvier 2025.

Deux femmes mystérieuses arrivent dans une auberge et suscitent l’intérêt d’un homme qui dîne en bas. Il voit la femme la plus âgée utiliser une poupée pour apparemment contrôler la plus jeune. 

INN est une fascinante immersion en animation. Une odyssée au pays de l’étrangeté. Née à l’USC School of Cinematic Arts de Californie, cette œuvre est le fruit de l’imaginaire du réalisateur Zion Chen. Les mythologies d’Asie rencontrent les technologies de l’animation en 2D assistée par ordinateur, dans une école américaine. Mariage heureux, même si l’ambiance est à l’épouvante.

Il s’agit en effet ici de possession. Les fantômes abondent dans l’imaginaire chinois. La réalité glisse vers le fantastique. Le rationnel vers la folie. La douceur vers la terreur. De nombreux fétiches nourrissent les images, de poupée en orbite oculaire, de fleur en bras multiples. Et toujours des visages opaques, cachés, dissimulés, scarifiés. Sans aucune explication psychologique, la fatalité contamine la toile.

L’auberge (soit “Inn”) qui sert de décor à l’action est un motif récurrent du cinéma de genre chinois, hongkongais ou taïwanais. Film de sabre, de kung-fu, fresque historique, polar, comédie, fiction d’hier ou d’aujourd’hui : on ne compte plus les longs métrages utilisant la géographie de l’hôtellerie campagnarde, de salles de réfection en chambres aux étages. L’impersonnalité de tels lieux ouvre le champ à tous les possibles…

Production USC School of Cinematic Arts Musique Qingnan Ma


En écoutant un mystérieux 45-tours, Pia peut soudain voyager dans le fil de son existence.

Nommé à l’Oscar du court métrage d’animation à Hollywood en 2015, A Single Life est un petit bijou concocté par un trio néerlandais.
En moins de trois minutes et sans aucun recours au dialogue, une fable existentielle habilement troussée, par le biais d’un disque vinyle permettant de voyager dans le temps, vers le passé ou vers un avenir lointain. Toute une vie se voit ainsi balayée, avec beaucoup de drôlerie d’abord (les tranches d’une pizza comme autant de quartiers d’une horloge), puis en portant un regard d’une lucidité implacable sur la vieillesse et ses aléas, la pimpante héroïne est aperçue, à l’hiver de son existence, poussant son déambulateur. Et sans même parler de l’étape suivante…

L’animation en 3D, aux couleurs chatoyantes, est portée par une pétillante composition musicale et le film parle aussi bien aux grands qu’aux petits.

Musique Happy Camper


Quelques comportements humains devant un monument parisien : Notre-Dame de Paris. Des gens dorment, mangent, se photographient, lisent des guides touristiques, chacun ayant un comportement stéréotypé. La caméra les filme en s’attachant à restituer le climat de ce lieu où les clichés photographiques et humains sont constants. 

Christophe Loizillon reste l’un des réalisateurs français de court métrage les plus prolifiques depuis plus de quatre décennies. Lieux communs signe ses grands débuts dans le circuit, en 1982.

Huit minutes d’immersion parisienne autour d’un des monuments les plus emblématiques de la capitale, dont le symbole résonne encore plus fort depuis qu’il a subi son incendie en avril 2019. Ici, c’est dans une France rétro, celle du début des années 1980, que la caméra capte le fourmillement humain sur le parvis de Notre-Dame. Les comportements sont innombrables et le montage met en valeur leur banalité, leur singularité, leur drôlerie. Contempler, scruter, photographier, croquer, écrire, commenter, échanger, se restaurer, se désaltérer, se reposer : tout se télescope.

De gros plans en plans d’ensemble, de plan fixe en mouvement, de calme en accélération, la grammaire du cinéma est au service de l’observation. Et d’un rendu documentaire et poétique à la fois. Car du regard ethnologique de Christophe Loizillon naît une mélancolie du temps passé, face à un édifice à la stature permanente.

Production Les Films du Lagon Bleu  Scénario Christophe Loizillon Musique Guillaume Loizillon

L’Extra Court