La mort du petit cheval et Crab, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 11 au 17 septembre 2024.
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La mort du petit cheval, de Gabrielle Selnet, devant les projections de Langue étrangère
Virée de chez sa mère sans même une paire de chaussures, Gab cherche un appartement dans le chaos des rues de Paris.
À travers un mélange des genres réjouissant, dans une animation fluide et aux couleurs chatoyantes, La mort du petit cheval est un périple existentiel en plein Paris. La comédie s’y mêle au réalisme social, la fantaisie au roman familial, le féminisme à la balade urbaine. Après avoir coréalisé aux Gobelins en 2021 le remarqué Au revoir Jérôme !, Gabrielle Selnet démontre un don pour tisser les humeurs, avec un sens du portrait généreux.
Gab, l’héroïne, est volontaire et dynamique, qui bouge en permanence. Obligée de réagir aux décisions des autres, elle prend les siennes avec assurance. Elle marche, court, pédale et arpente le pavé de la capitale, ainsi que de nombreuses cages d’escaliers, virée de chez sa mère, puis de passage chez sa sœur et en quête de son propre appartement.
Au milieu de cette tonicité chromatique, il y a aussi la peinture des abus masculins. Un propriétaire loueur n’hésite pas à mettre la main à la potentielle locataire. Mais la réunification féminine finale partira en ruée vengeresse. Les altercations familiales : oui, mais la sororité l’emporte malgré tout ! Une résolution engagée qui profite de la fantaisie formelle pour gagner en saveur.
Musique Gabriel Mimouni Interprétation Cécile Bournay, Lucie Garçon, Mathis Sonzogni, Delphine Théodore Production La Poudriere
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Crab, de Piotr Chmielewski, devant les projections de Le fil et Le procès du chien
Nous vous présentons l’histoire de notre nouveau grand héros, le crabe. Il vit dans la captivité et la peur, il est entouré des parois en verre d’un aquarium dans la cuisine d’un restaurant et ne peut qu’observer ce qui se passe autour de lui. Un jour, lorsque l’occasion se présente, il s’échappe du couteau du cuisinier et tente de quitter la cuisine, quand soudain celle-ci se met à basculer. La cuisine semble se trouver sur un bateau, d’où le crabe peut s’échapper pour retourner à la mer.
Il était une fois un crabe, un beau jour captif et menacé d’un sort fatal. La liberté lui sembla compromise au vu des quatre murs de verre qui l’entouraient, et de la main de géant cherchant à l’attraper. Mais la bête trouva un allié dans son élément naturel, dont il pouvait être privé, mais qui joue un rôle clé dans le récit de cette fantaisie d’animation.
La réalisation en stop motion, signée Piotr Chmielewski, est brillante. Elle se savoure, par la précision des mouvements et du montage. L’évolution de chaque détail, de chaque accessoire, et de chaque avancée du crustacé, participe à la gradation du suspense. Notre héros décapode réussira-t-il à échapper à son destin annoncé ? Ce David aquatique triomphera-t-il de son Goliath acharné ?
Épatant travail sur l’échelle des plans, sur le zoom, sur le flou et le net, sur le proche et le lointain. Les différents points de vue, sur l’animal, comme en visions subjectives, nourrissent aussi l’immersion pour le spectateur, et son empathie avec la petite bête. Quant à l’environnement sonore, il colle parfaitement au carnage qu’est une cuisine armée de cuissons en tout genre, pour la faune sous-marine.
Scénario Piotr Chmielewski Musique Wojtek Uranski Production Rabbit Hole Productions, EJT-Labo, EC1 Łódź