A qui le tour ? et Katvoman, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 4 au 10 septembre 2024.
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A qui le tour ?, de Gabriel Kaluszynski et Geoffrey Sauveaux, devant les projections de A l’ancienne
Avant de souffler ses bougies, Mélodie doit faire un vœu. Et si son rêve devenait réalité ?
Voilà une aventure ultra courte, mais efficace ! Le tandem à la réalisation, Gabriel Kaluszynski et Geoffrey Sauveaux, rebaptisé Gaba & Géo pour l’occasion, joue la carte de l’histoire rapide avec chute. Sur le ton de la comédie, car l’ambiance reste bon enfant, malgré la note tragique d’un des éléments narratifs finaux. Mais elle ne fait que servir l’action et la saveur générale.
Peu de plans, peu de décors, et une intrigue unique composent les deux minutes du récit. Avec, au centre des images, un anniversaire, un gâteau (une tarte, pour être plus précis), une bougie, un vœu et un retour en voiture. Mais que d’injonctions ! Tous les convives pressent l’heureuse élue et son copain derrière son appareil photo. L’effet à rebours n’en sera que plus percutant.
Prolongeant la portée ludique du scénario, les réalisateurs ont de plus choisi de filmer l’un d’eux deux dans le rôle du petit ami de l’héroïne. Geoffrey Sauveaux est donc doublement derrière un objectif : pour diriger le film et pour faire les clichés de la fête. Gourmand, avez-vous dit ? Peut-être, en regard de la manière dont le personnage finit sa route, après avoir demandé à sa dulcinée de révéler son vœu…
Interprétation Mélodie Fontaine, Geoffrey Sauveaux
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Katvoman, de Hadi Sheibani, devant les projections de Tatami et A son image
Une mère et son fils jouent au jeu Catwoman-Batman avant que le père ne rentre. Pendant ce temps, des bruits et des cris se font entendre de la porte d’à côté ; il semble que qu’un homme ait blessé sa femme. Il est temps pour le père de jouer un rôle dans le jeu avant que le fils ne découvre ce qu’il a fait.
Le monteur iranien Hadi Sheibani passe à la réalisation avec Katvoman, plaidoyer sans appel contre les violences faites aux femmes, y compris conjugales. Dans une société corsetée par l’écrasement du féminin – et dans un monde patriarcal de domination, marqué par les féminicides –, le cinéaste frappe de manière forte.
De l’intérieur, il pénètre dans l’intimité d’un appartement pour mieux raconter au plus près de sa protagoniste. La symbolique de la super-héroïne fonctionne parfaitement pour témoigner de la dichotomie entre élargissement de la parole, depuis #MeToo, et effroyable fatalité de la violence quotidienne. Le masque attise le regard, mais dissimule aussi ce qu’il peut cacher : un visage, une peau, une marque, un coup. Si Catwoman est connue pour sortir ses griffes, ici elle se montre et cache autre chose.
La bonne idée du récit est de mettre en relief une violence domestique par la présence sonore envahissante d’une autre violence en cours dans l’appartement mitoyen. Les contradictions explosent et n’en révèlent que plus fortement l’âpre réalité chez soi. Du jeu initial avec l’enfant, on passe à la révélation finale sans équivoque. Tout n’est pas un jeu, même quand on essaie de préserver un enfant…
Scénario Hadi Sheibani Interprétation Amir Ahmad Sadeghzadeh, Esmaeil Ghasemi, Sepideh Mozaheb