Une histoire vertébrale et Timber, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 7 au 13 août 2024.
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Une histoire vertébrale, de Jérémy Clapin, devant les projections de Ma vie ma gueule, Mon parfait inconnu et Pendant ce temps sur terre
Un homme, seul, avec sa particularité physique : celle d’avoir la tête basculée en avant, le regard vers le sol. Difficile de rencontrer la voisine avec pareil handicap… et pourtant…
20 ans avant Pendant ce temps sur terre, Jérémy Clapin, ancien étudiant de l’Ensad, se révélait avec cette irrésistible histoire sans paroles qui s’attachait à recycler le motif éternel de l’amour contrarié et finalement triomphant. Prix spécial du jury au Festival international du film d’animation d’Hiroshima en 2006, Une histoire vertébrale questionnait même la notion de point de vue, à travers le champ de vision du personnage qu’il mettait en scène sous un graphisme 2D rond et doux proche de celui d’une bande dessinée jeunesse – selon la petite histoire, le héros du film serait d’ailleurs né d’un dessin raté… Avec son cou en équerre, le malheureux aux cervicales peu verticales avance, regard en plongée vers le sol, ce que l’image permet de comprendre directement, comme une sorte de caméra subjective braquée sur ses pieds.
Mais la narration se déploie bientôt sur les efforts du touchant petit bossu pour trouver l’âme sœur, le film lorgnant vers la comédie romantique et la découverte d’une “girl next door” en idéale moitié… Jouant avec les clichés hollywoodiens correspondants, Jérémy Clapin retarde néanmoins le happy-end attendu avec une verve gaguesque, pour rappeler aussi qu’il n’est pas si facile, en amour, de se voir vraiment – en la matière, tout se mérite !
Scénario Jérémy Clapin Musique Nicolas Martin Production Strapontin
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Timber, de Nils Hedinger, devant les projections de Largo Winch : le prix de l’argent
Un groupe de bûches risque de mourir de froid au cours d’une nuit d’hiver glaciale. Lorsqu’elles se rendent compte que, pour se réchauffer, le seul combustible à leur disposition, c’est elles-mêmes, l’affaire sent le roussi.
Quiconque est familier du cinéma d’animation international a déjà vu nombre d’objets ou d’animaux soumis à un traitement anthropomorphique, mais on n’avait encore jamais rencontré de bûches de bois ainsi animées. Immédiatement sympathiques, avec leurs yeux ronds, on les découvre dans la toundra enneigée, alors que la nuit tombe, synonyme d’un froid polaire terrible à affronter.
Mais la plaisante bonhommie de la mise en place de Timber cède bientôt à un dilemme cornélien : comment survivre, si ce n’est en sacrifiant un membre du groupe, puisque le salut passe par le combustible, donc le bois ! Un cas de conscience sans échappatoire émerge et le réalisateur choisit d’abord de montrer que la loi du plus fort est appliquée, hélas comme dans tant de tragédies humaines. La loi de l’ordre social, même, le plus fort étant ici le plus robuste, mais on peut penser aussi au plus puissant ou riche…
Dopé par sa remarquable partition originale, ce film d’animation renversera pourtant avec espièglerie son pessimiste constat et parviendra à donner au plus petit sa revanche, restaurant les valeurs de solidarité. Décidément, nous sommes tous des branches en péril !
Scénario Nils Hedinger Musique Tobi Diggelmann Interprétation Tino Mewes, Marleen Lohse, Folke Renken Production Prêt-à-tourner Filmproduktion GmbH, Schweizer Radio und Fernsehen , SRG SSR