Court-métrage
Publié le 10/12/2025
The Harder They Come, la bande‑son du film culte (1972), réalisé par Perry Henzell est en écoute dans votre cinéma du 9 au 30 décembre 2025.
La star jamaïcaine vient de nous quitter à Kingston à l’âge de 81 ans. Fip Tape célèbre l’œuvre du pionner reggae, de ses débuts ska à sa reconnaissance internationale, de ses inspirations à ses collaborations et son héritage.
« C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce le décès de mon mari, Jimmy Cliff, en raison d’une attaque suivie d’une pneumonie« , a écrit sa femme Latifa ce lundi 24 novembre sur le réseau social Instagram. Figure majeure de la musique jamaïcaine et pionnier du reggae, Jimmy Cliff a largement participé à l’essor et la diffusion de cette musique aux quatre coins de la planète, qu’il a mêlée à d’autres genres comme la pop, avec des tubes comme Many Rivers to Cross (1969), The Harder They Come (1972), Reggae Night (1984) et sa reprise de I Can See Clearly Now (1992). James Chambers, de son vrai nom, est né le 30 juillet 1944 dans le Somerton District de la paroisse de Saint James.
Il enregistre ses premiers titres de ska, Daisy Got Me Crazy et I’m Sorry, avec Count Boysie et connaît un premier succès avec Hurricane Hatty, enregistré chez Leslie Kong. Après une reprise de Whiter Shade Of Pale de Procol Harum pour Island en 1968, il tente sa chance en Grande-Bretagne avec son premier album, qui contient la ballade Many Rivers To Cross (reprise plus tard par Joe Cocker) et Wonderful World, Beautiful People (reprise par Claude François sous le titre Le monde est grand, les gens sont beaux).
Son style, influencé par le ska, le rocksteady et le reggae naissant, reflète les aspirations et les luttes de la classe ouvrière jamaïcaine, en quête d’identité et de respect. Jimmy Cliff accède à la renommée mondiale grâce au film culteThe Harder They Come (1972), réalisé par Perry Henzell. Le film est un brûlot social qui met en scène Jimmy Cliff (à l’époque aussi connu que Bob Marley en Jamaïque) interprétant un rude boy (caïd) de Trenchtown, le principal ghetto de Kingston, mais surtout, il signe la bande originale avec quatre titres, ainsi que des chansons de Desmond Dekker, Toots & The Maytals, The Melodians, Scotty et The Slickers.
Dans les années 1980, il travaille avec des membres de Kool & The Gang sur plusieurs albums, dont The Power & The Glory, qui contient Reggae Night, et Cliff Hanger, pour lequel il reçoit son premier Grammy Award. Toujours militant et humaniste dans son art, ses titres anti-guerre Vietnam (encensé par Bob Dylan) et Sitting in Limbo sont devenus des hymnes intemporels. Il participe également à l’album Sun City avec le groupe Artists United Against Apartheid. Après avoir collaboré à l’album Dirty Work des Rolling Stones, il obtient un nouveau succès en reprenant I Can See Clearly Now de Johnny Nash, présent dans la bande originale du film Rasta Rockett en 1993.
Son influence dépasse la musique : ses textes ont inspiré des mouvements politiques, comme les Sandinistes au Nicaragua, qui ont utilisé You Can Get It If You Really Want comme thème de campagne. Des artistes comme Bruce Springsteen, John Lennon, Cher et UB40 ont repris ses chansons, tandis qu’il a collaboré avec une multitude de grands noms comme Wyclef Jean, Sting, Annie Lennox, Joe Strummer, même Elvis Costello, Yannick Noah ou encore Bernard Lavilliers sur Melody Tempo Harmony.
