L’île aux fleurs et Les Indes galantes, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 1er au 7 mars 2023.
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L’île aux fleurs, de Jorge Furtado, devant les projections de La syndicaliste et Empire of Light
Douze minutes : c’est le temps durant lequel nous suivons le parcours d’une tomate, depuis sa production dans la plantation de M. Suzuki, jusqu’à son point d’arrivée, décharge publique de l’île aux fleurs.
Véritable pamphlet, ce classique du cinéma dénonce l’économie de marché qui entraîne 22% de brésiliens vers la pauvreté et la famine. L’île aux fleurs, dès 1989, démontrait également les rouages et effets pervers de la mondialisation et de la surconsommation. Jorge Furtado utilise un ton faussement didactique et systématise ses répétitions – on pense bien sûr à Mon oncle d’Amérique de Resnais – ce qui permet de créer un décalage salvateur car ni l’intelligence ni l’humour du film ne suffisent à faire oublier les images d’un épilogue qui laisse le spectateur sans voix : des femmes et des enfants de Porto Alegre admis à fouiller les détritus organiques d’une décharge, APRÈS le passage des cochons.
Scénario Jorge Furtado Musique Geraldo Flach Production Nora Goulart Casa de Cinema
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Les Indes galantes, de Clément Cogitore, devant les projections de Goutte d’or et The Son
Le “krump” est une danse née dans les ghettos noirs de Los Angeles après les émeutes de 1995. Clément Cogitore, à travers cette performance filmée sur le plateau de l’Opéra Bastille, crée une “battle” entre la culture urbaine et la musique de Rameau.
À la fois cinéaste et artiste contemporain, Clément Cogitore ne cesse de surprendre, relevant des défis à chaque fois très différents, depuis un premier long métrage de fiction tourné aux confins de l’Afghanistan en guerre (Ni le ciel ni la terre, 2015) à un moyen métrage documentaire entraînant dans un coin perdu de Sibérie (Braguino, 2017). Les Indes galantes est sa réponse à une carte blanche offerte par 3e Scène, l’espace numérique de l’Opéra de Paris, pour réunir en un maelström de musique, de danse et d’émotion deux époques et deux styles artistiques éloignés. La musique de l’opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau, composé en 1735, rencontre l’une des formes d’expression les plus dynamiques de la danse de rue contemporaine, le “krump”.
Dépassant de très haut la simple captation, le film repose sur une mise en scène sophistiquée, alternant moments d’improvisation chorégraphique et mouvements dûment répétés en amont, pour un crescendo intense et galvanisant, d’une stupéfiante beauté formelle. Le public du plus grand festival de courts métrages au monde, celui de Clermont-Ferrand, ne s’y est pas trompé, lui attribuant son Prix en février 2018.
Scénario Clément Cogitore Musique Jean-Philippe Rameau Interprétation Madrootz/Monsta Ny Madness, Real Underground/X2 Buck, Strange Bangers Production Les Films Pelléas