Moi aussi et Les fantômes de l’usine, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 4 au 10 décembre 2024.
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Moi aussi, de Judtih Godreche, devant les projections de Mémoires d’un corps brûlant et Good One
À l’aube d’un jour nouveau, une jeune fille découvre une foule qui la regarde droit dans les yeux. Chaque visage évoque un passé. La jeune fille se fait le porte-voix de ces histoires innombrables. Chacune est différente, mais toutes se fraient ensemble un chemin, de la douleur sans mots au début d’une libération par la parole.
Présenté en ouverture de le section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2024, Moi aussi de la comédienne et réalisatrice Judith Godrèche est un film de son temps dans ce que cette acception peut avoir de plus noble : le reflet et le porte-voix des combats d’une époque.
En février 2024, la comédienne sort de son silence et crée une adresse email pour accueillir la parole de celles et ceux qui, comme elle, ont été victimes de violences sexuelles. En 2 semaines, 5000 témoignages lui parviennent. Un mois plus tard, 1000 d’entre elles se rassemblent pour occuper l’espace public, donner à voir et à entendre leur témoignage.
Expérience collective cathartique sublimée par la chorégraphie d’une danseuse au milieu de la foule, Moi aussi met en scène avec brio le dépassement de la douleur individuelle par la force émancipatrice du collectif.
Scénario Judtih Godreche Musique Noe Boon, Richard Sears Interprétation Tess Barthelemy Production Maneki Films
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Les fantômes de l’usine, de Brahim Fritah, devant les projections de Au boulot ! et No Other Land
“Tu balaies, tu jettes les poubelles, t’essuies les tables et lentement ton esprit flotte.” À quoi pense le jeune balayeur ? à quoi rêve-t-il ?
Belle et émouvante immersion que cette proposition expérimentale signée Brahim Fritah en 2014. L’auteur aime mêler image fixe et image en mouvement, réel et poétique, passé et présent. Depuis le bien nommé Chroniques d’un balayeur, documentaire datant de 1999, il met aussi la lumière sur les invisibles de la société, et toujours avec une bienveillance qui n’empêche pas le regard frontal sur son sujet.
L’émotion naît du récit que les voix narratrices évoquent. Reda Kateb et Yanis Bahloul prêtent ainsi leur timbre au narrateur adulte et enfant. C’est l’histoire d’un passé qui ressurgit à travers la visite d’une usine désaffectée, et à travers les fantômes des ouvriers, du balayeur de tous les souvenirs, et de la famille qui veillait sur la propreté des lieux. C’est un monde d’avant la globalisation et l’ubérisation actuelles.
Le tissage des images filmées et des photographies se double d’effets de montage au pouvoir fortement évocateur. La nostalgie gagne l’écran, même pour le public qui n’a pas connu ces décors et personnages précis. Comme dans Adieu Gary de Nassim Amaouche (2009), l’usine n’est plus, les travailleurs ne sont plus, mais la conscience surgit, tout comme le siècle qu’il faudrait pour “nettoyer l’honneur bafoué des ouvriers”.
Scénario Brahim Fritah