Nous prolongeons le Festival des 3 Continents qui vient de rendre hommage au cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda. Après la programmation d’Une affaire de famille et avant de découvrir son nouveau film, Les bonnes étoiles, en sortie nationale le 7 décembre prochain, nous vous proposons de (re)découvrir Notre petite sœur.

Hirokazu Kore-eda est né en 1962 à Tokyo. Enfant, son père est souvent absent et sa mère subvient aux besoins de la famille. Il habite durant son adolescence la banlieue de Tokyo – un environnement qu’il filme dans son film de fiction Après la tempête (2016). Après des études dans la prestigieuse université de Waseda, il entre à la télévision, travaillant pour la société de production TV Man Union. C’est dans ce cadre qu’il réalise de nombreux films documentaires, dès 1991, qui se distinguent par une écriture très inventive et qui manifestent une très grande curiosité envers les structures et les habitants de son pays : fonctionnaire de la santé publique (However…), élèves d’une petite école de province (Lessons from a Calf), malade du sida (August Without Him), père de famille victime d’une erreur de l’hôpital (Without Memory)… Cette partie de son œuvre n’a été que très rarement montrée en France.
Ses premiers films de fiction, Maborosi (1995) et After Life (1998, Montgolfière d’or au Festival des 3 Continents), sortent conjointement en 1999 en France, qui découvre alors un cinéaste appelé à devenir l’un des plus importants de sa génération. La thématique du deuil, qui relie les deux films, parcourt toute son œuvre. Suivent Distance (2001), sélectionné à Cannes, et Nobody Knows (2004), inspiré d’un fait divers, où de jeunes frères et sœurs sont livrés à eux-mêmes dans un appartement de Tokyo. L’interprétation du jeune acteur non professionnel Yuya Yagira est couronnée d’un prix d’interprétation à Cannes. Kore-eda continue de puiser son inspiration dans l’observation de la société japonaise.
Souvent considéré comme un cinéaste de la famille, Kore-eda réalise de nombreux drames familiaux où son sens de la nuance et son goût pour battre en brèche les représentations lui permet d’entrer en profondeur dans la vie quotidienne et la psyché des Japonais : Still Walking (2008), Tel père, tel fils (2013), Notre petite sœur (2015), Après la tempête (2016). Mais la diversité de son œuvre l’amène aussi à revisiter de façon personnelle le film de samouraï (Hana, 2006, resté inédit en France) ou le film noir (The Third Murder, 2017). Une affaire de famille, qui conjugue regard sur la famille et sur la marginalité sociale, remporte la Palme d’or en 2018, tandis que Les Bonnes Étoiles, tourné en Corée et en coréen, remporte le prix du jury œcuménique à Cannes en 2022. La sortie française du film est attendue le 7 décembre 2022.

Dimanche 4 décembre à 20h50
NOTRE PETITE SŒUR
JAPON / 2015 / 2H07 / COULEUR / VOSTF
De Hirokazu Kore-eda avec Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kaho…
Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avaient abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale…

« Au fil des sorties, le public français tisse un lien de fidélité avec Hirokazu Kore-eda, dont les films dressent un portrait nuancé de la société japonaise…Les gestes du quotidien et de la vie en commun, la lumière, les objets, les lieux où habitent les personnages, lieux qui ne sont jamais indifférents, constituent la véritable trame de mise en scène…Les actrices inexpérimentées (comme jadis les enfants de Nobody Knows) qui forment cette fratrie, nous deviennent mémorables en rattrapant, devenues adultes, les années volées de leur enfance. Peut-être le film le plus solaire de Kore-eda ». Jérôme Baron, Florence Maillard, F3C